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À propos d’Auxerre...
samedi 22 janvier 2005
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La Ligue réunionnaise de football (LRF) réunit ce week-end à Cilaos ses dirigeants de ligue et de clubs pour un séminaire dont, sans aucun doute, on vérifiera que cela est bien utile et qu’en tout cas l’initiative mérite d’être renouvelée.
La LRF a eu la bonne idée d’inviter les maires ou leurs adjoints pour participer notamment à un atelier où, sous la direction de MM. Moulston et Badin, l’accent sera mis “sur les finances des clubs, la gestion, les collectivités, les subventions, les recettes de guichets et le sponsoring”.
Je ne pourrai être à Cilaos ce dimanche, la vie pour un militant politique ayant ses priorités.
Mais j’ai souhaité, à ma manière et m’appuyant sur l’hospitalité que m’accorde “Témoignages”, apporter ma modeste contribution à l’œuvre de réflexion entreprise par Yves Éthève et ses amis.
Les chaudes semaines que nous venons de vivre à la Jeanne me permettent de dégager quelques pistes de réflexion et de suggérer une manière d’appréhender certains des problèmes existants.
Premier constat : Les statuts des clubs et les structures de gestion d’un club sont-ils adaptés ? Nous avons proposé à la Jeanne de simplifier sensiblement les textes et articles qui la régissent, textes et articles qui, lorsqu’ils sont longs et redondants, constituent une véritable aubaine pour tous les pointilleux de la réglementation, à propos de laquelle Talleyrand disait : "Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens".
Dans cette logique, nous avons suggéré que soit désigné un manager général qui exerce la responsabilité dans la compétence, tant en matière de vision technique que dans la gestion et l’animation du club, surtout l’animation.
À la Jeanne, ce manager général a été nommé. Autour de Daniel Lafosse, il y a un président et un Conseil restreint de neuf à dix personnes, guère plus. Toutes payent une cotisation, ce qui les implique dans la responsabilité civile et pénale qui résulterait de leurs imprévoyances ou de leurs négligences.
Vous direz que c’est déjà ainsi. Oui, sur le papier ; mais au pied du mur, les maçons ne sont plus présents quand, du fait d’un trop grand éparpillement de la responsabilité et du fait d’ordres qui subissent les contre-coups de contre-ordres, l’édifice se lézarde. C’est en tout cas ce que nous avons vécu à la Jeanne.
Deuxième constat : Le rôle du manager général - un bon élément, placé à temps plein à la disposition du club par son employeur (l’O.M.S. du Port pour ce qui est de Daniel) - apparaît donc essentiel. L’Excelsior a vécu et vit toujours ce schéma, avec le succès que l’on sait.
C’est le manager général qui supervise tout et booste tout : le contact avec les sponsors et les institutions, la coordination des sections, la cohérence des initiatives d’encadrement et de formation. Il fait dans son club de La Réunion encore plus que ce qu’un Guy Roux fait à Auxerre.
À propos d’Auxerre, demandez à un Créole d’ici ou à un Français de l’hexagone de vous citer le nom d’une haute personnalité de cette ville. Vous devinez la réponse. Si vous avez un doute, faites l’expérience. Vous ne serez pas édifié.
Troisième constat : Nous avons proposé que, en dehors de ces neuf à dix personnes, il y ait une Assemblée générale consultative formée de toutes celles et tous ceux qui veulent apporter une contribution active au club. Ils alimenteront les groupes opérationnels. Leurs avis, donnés à tout moment, seront pris en compte par le manager général et son conseil.
Quatrième constat : S’agissant des finances, il faut réaffirmer - mais avec suffisamment de force dans la voix pour que cela soit enfin entendu, compris et retenu - que l’autorité publique, et plus particulièrement la municipalité, n’a aucunement la vocation pour combler les déficits. Le déficit est une faute de gestion qui est sanctionnable. Les dirigeants qui promettent tout et n’importe quoi aux joueurs ou aux entraîneurs sont dans l’erreur. Le bon dirigeant est celui qui sait dire “non”.
Voilà quelques points que j’aurais sans doute abordés si j’avais pu me libérer ce dimanche. Je n’aurais sans doute pas non plus résisté à la nécessité de citer quelques chiffres, ceux portant sur “les salaires” qui sont consentis par des dirigeants de clubs.
Des “salaires” époustouflants qui n’ont plus rien à voir avec les indemnités dont il est question dans l’esprit et la lettre des recommandations officielles et que reconnaissent et admettent la morale, l’éthique et le bon sens dont nous sommes tous porteurs.
Mais je sais que de nombreux participants du séminaire de la L.R.F. les connaissent, ces chiffres. Je parie même qu’on en parlera, à mots couverts, voire tout simplement. Et sainement...
R. Lauret