À propos du recrutement local

28 octobre 2006

À quelques mois des élections présidentielle et législatives, il est logique que les partis politiques réunionnais fassent connaître leurs revendications et tentent de les faire prendre en compte par les candidats potentiels. Une de ces revendications, soutenue de longue date par le PCR, et récemment relayée par la Fédération du PS, concerne ce qu’on a longtemps appelé, maladroitement peut-être, la “préférence régionale”.

Ségolène Royal, lors de son récent séjour dans notre île, a fait sienne cette revendication, promettant, si elle était élue de « favoriser fortement le recrutement local ». Ainsi reformulée, la revendication perd de son caractère quelque peu discriminatoire que certains lui reprochaient. Le recrutement local concernerait non seulement les Réunionnais de souche, mais également les Métropolitains domiciliés dans l’île.

Attention tout de même : une des solutions suggérées par Ségolène Royal est on ne peut plus excessive et injuste. Elle consiste à exiger des candidats au concours d’entrée à l’I.U.F.M. - qui forme les futurs professeurs des écoles - « une parfaite maîtrise du créole ». Or une telle exigence aboutirait à exclure de l’enseignement à La Réunion deux catégories de candidats dont on prétend par ailleurs leur favoriser le recrutement :

- d’abord les jeunes Métropolitains qui, même s’ils sont parfaitement intégrés dans la société réunionnaise, ne maîtrisent que rarement le créole ;

- ensuite une partie notable des jeunes Réunionnais de souche, dont les parents, pour des raisons diverses, ont adopté le français comme langue familiale quotidienne.

Des enquêtes ont été réalisées notamment par l’INSEE, qui montrent qu’un pourcentage important et croissant de jeunes, dont les parents ou les grands-parents étaient autrefois créolophones sont devenus aujourd’hui francophones. Ces jeunes, même s’ils comprennent le créole, ne le parlent pas habituellement et, en conséquence, ne le maîtrisent pas.

Cet aspect des choses a pu échapper à une candidate de passage dans notre île. Il appartient en revanche aux responsables locaux d’attirer son attention sur l’état exact de la situation linguistique réunionnaise, qui a considérablement évolué au cours des dernières décennies.

Daniel Lallemand et Eugène Rousse


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