À toi mon camarade qui, peut-être, liras ces lignes...

9 février 2005

(Page 2)

C’est terrible ce qui s’est passé ce dimanche, aux premières lueurs du jour, à la hauteur du pont de la Grande-Ravine, sur le littoral de Trois-Bassins.
C’est terrible, ces deux vies innocentes arrachées à la vie ; c’est terrible, ces deux corps mutilés transportés à l’hôpital pour être sauvés mais auxquels nul médecin ne rendra la sérénité d’une vie sans histoire.
C’est terrible, pour ceux qui restent, qui, ici, pleurent leurs morts, qui, là-bas, ne savent pas quoi dire ni quoi faire devant le drame dont leurs enfants sont responsables.
Dans quelques mois, la Justice jugera et sanctionnera d’une peine bien dérisoire à côté du gâchis gratuit et stupidement provoqué. Dans le box des accusés et des coupables, ils auront - du moins il faut l’espérer - le regard baissé.
Ils seront écrasés de remords et de honte et diront qu’ils ont pris conscience de l’irresponsabilité de la façon dont ils se sont comportés au volant de leur voiture, ce dimanche matin 6 février, alors qu’une belle journée était promise à celles qu’ils ont tuées, à ceux qu’ils ont gravement blessés et à eux-mêmes qui vont devoir retourner en prison.
À toi mon camarade qui as peut-être lu ces quelques lignes, je veux dire qu’il ne tient qu’à chacun d’entre nous de ne pas être un jour prochain à la place de ceux qui comprennent aujourd’hui - mais c’est trop tard - qu’ils viennent de gâcher leurs vies et - infiniment plus grave - de priver de vie des gens qui ne les connaîtront jamais et qui ne leur avaient rien fait. Ta voiture t’a été vendue pour que tu puisses te déplacer en toute tranquillité et dans la plus grande prudence, parce que ta route est aussi celle de dizaine de milliers d’autres qui, comme chacun d’entre nous, ont eux aussi le droit de l’emprunter.
Penses-y, lorsque tu t’installes derrière ton volant. Penses-y toujours... car après, quand cela t’arrive alors, il ne te reste plus que le remords.

R. Lauret


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