Accroché à nos consciences, ce proverbe de vérité...

11 juillet 2005

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Je le connais suffisamment pour savoir qu’il était sincère quand il nous dît qu’il était désolé d’avoir à quitter le “Forum des Associations” qu’Alain Gretry et Pascal Mariamal organisaient ce samedi au Port.
Philippe Jean-Pierre, avec sa silhouette de brillant étudiant en troisième année de droit, avait brillamment exposé et venait de finir de répondre, avec l’intelligence des gens modestes, aux questions dont l’auditoire le pressait à propos du "concept de gouvernance territoriale". Il dût nous quitter, à regret.
Je le dis à Philippe qu’il a effectivement manqué l’essentiel de la matinée. Il nous doit désormais - Pascal Mariamal le lui a dit et il en a pris bonne note - une pleine participation au séminaire que la Maison des Associations du Port organise en septembre prochain. Il nous le doit parce que, comme il le pressentait, il a manqué l’essentiel : la nécessaire, l’indispensable dimension du terrain qu’il faut que l’Université donne à ses visions du Monde et aux enseignements qu’elle suggère.
Passons sur ma rapide contribution qui, m’a-t-on dit, “décoiffa” certains et laissa d’autres perplexes : j’ai expliqué pourquoi, selon moi, "la démocratie représentative a aujourd’hui atteint ses limites". Passons aussi sur l’émouvant témoignage d’Eugène Rousse sur "la vie associative à la fin de la colonisation et au début de la départementalisation". La salle sut lui dire sa reconnaissance pour l’hommage ainsi rendu à ceux de cette époque où militer dans le domaine associatif était perçu par le pouvoir comme un acte subversif et à combattre. La fille de Georges Mithra et un des fils d’Ary Payet étaient dans la salle, bien fidèles à leurs militants d’alors de pères.
L’essentiel a été calmement raconté avec les mots de tout le monde, dans un de ces silences qui se coupent au couteau, tels des invitations à sortir de notre routine et de nos tendances qui cherchent à rejeter sur les autres les boitements de notre Histoire. L’essentiel, c’étaient ces mots pour ne laisser personne indifférents, ces mots dont Karl Véfour, éducateur dans les rues de notre pays, nous invita à faire nos leçons de choses de chaque jour. “Témoignages” reviendra d’ailleurs plus longuement sur ce Forum des Associations avec en particulier l’intervention de Karl Véfour.
Karl, au milieu de la salle, sut nous emmener au cœur de ces cités où vit le "sentiment d’insécurité sociale", au milieu de ce "potentiel dormant" qui ne se contente plus d’être rejeté ou (et c’est pire !) marginalisé et qui "s’oppose au système" en utilisant ce qu’il a, c’est-à-dire "l’intelligence d’en trouver la faille et de s’y glisser, mais avec ses moyens"...
Karl, au niveau de la salle, sut se préoccuper d’évoquer "la problématique communautaire dont le nombre grandissant" de ceux qui nous la posent fait dire aux faiseurs de moralisation que "si ce n’est que le zamal, ce ne serait pas grave" !
Et puis, en une “conclusion - proposition” qu’il invita la salle à partager avec la rue et l’Université, il sut accrocher à nos consciences ce proverbe de vérité : "Si tu ne peux pas changer le vent, change la voile".
Philippe, sans aucun doute, j’en étais convaincu, le savait : il sera des nôtres en septembre prochain. Pour moi, en tout cas, pas de doute : il y sera...

R. Lauret


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