Ah ! Ces deux là !

2 juin 2006

On les croyait à jamais séparés. À jamais. Raté ! Y a plus de doute, ils sont ensemble, bien ensemble : sur la même estrade de la même salle, s’adressant au même public, entourés du même staff ! Y a plus de doute : c’était mercredi soir, dans un grand espace un peu candide où, selon les apparences - mais seulement selon - elle tiendrait la place centrale. Et là, on l’a vu, y a plus de doute, ils disent poursuivre le même but : buter l’ancien maître d’école des sièges qu’il occupe et débouter celui qui ne sera jamais le nouveau Maître du Palais et de le déloger de sa bien prématurée légitimité sarkozienne.
Se pose au moins une (première) question : quel est (ou sera) le rôle de l’un et de l’autre des deux ? Car, à ce qui paraît et à ce que l’on dit dans les instants où on se laisse aller à quelques fines confidences, l’accord ne serait pas encore bien défini. Voire même qu’il n’y en aurait pas (encore), chacun ne disant pas tout à l’autre de ses desseins vrais, ce qui est pourtant nécessaire quand il faut déterminer les vraisemblables destins et de l’un et de l’autre : pupitre face au perchoir ou perchoir face aux pupitres ?
L’ennui - si l’on veut - c’est qu’on la devine bien fragile alors que - selon les apparences, on vous l’a dit ! - c’est elle qui serait la favorite. Qui n’a pas noté qu’elle serait plutôt du genre gentille ? Ce qui n’est pas compatible avec le combat politique, quand on le dirige à côté d’un plus coriace que soi. C’est comme au football : si le tacticien n’a pas créé les conditions favorables, le technicien ne marquera pas de but. Et manifestement, lui, il sait qu’il a l’étoffe du tacticien, celui qui est dans l’ombre, celui dont on parle le moins mais celui qui voit plus large. Même s’il plaît moins sur l’échelle des sondages et des côtes de popularité...
Résumons nous : on les croyait séparés. Raté ! On la croit devant, lui derrière. Possible ! Mais sûr ?
Y aura-t-il demain entre eux deux un des deux aujourd’hui à leurs yeux réputés disqualifiés ? Que pèsent Paris et la Place Beauveau dans ce jeu de la chaise qu’on retire sous les fesses de celui qui vient juste de s’y poser ?
À un an maintenant de l’heure des grincements de dents et des comptes qui se régleront selon l’air du temps, notre petit doigt nous dit que "l’intuition féminine étant bien plus précise que les certitudes masculines", la partie de poker n’a pas encore distribué toutes ses cartes. Il reste dans une manche secrète celles que l’on a biseautées pour de bon.
En attendant, contentons-nous de nous exclamer : Ah ! Ces deux-là, dont vous avez, bien entendu, compris de qui il s’agit.

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus