Alain Bocquée...

18 avril 2006

L’initiative est heureuse. Il s’agit d’une très jolie monographie qui, sur quelque 115 pages du plus beau goût, retrace un quart de siècle de la vie du brillant architecte qu’aura été - et que continuera sans doute à être - Alain Bocquée.
On y retrouve la quasi-totalité de ses œuvres, bien vivantes, à travers, pour chacune d’entre elle, une courte fiche technique, un commentaire dosé qui se lit facilement, des plans et dessins de façades, prospects et perspectives. Des grands équipements, lycées, collèges et centres universitaires, de l’habitat social, des établissements de santé et d’hygiène mentale, des opérations privées également, des sièges de sociétés, des hôtels ou jardins... Ne manquerait qu’un édifice religieux. À moins que cela n’ait été oublié, puisque - et il m’est presque difficile de ne pas lui en vouloir bien amicalement - Alain Bocquée a passé sous silence qu’une de ses toutes premières réalisations, en plus d’une villa de fonction à la pépinière dont la mairie du Port lui avait alors confié la conception, ce fut la mignonne école maternelle "Raoul Fruteau" de la ZUP portoise. Un petit chef d’œuvre d’intégration dans l’espace qui restait, coincé entre des logements sociaux et une zone de cultes...
De cette époque, je m’en souviens comme si c’était hier. Je me souviens par exemple de Madame Jeannine Bocquée. Elle dirigeait l’école primaire "Paule Legros" dans la cité maritime. Elle le faisait avec le souci d’une pédagogie qui se partage à partir du fleurissement. Le fleurissement des lieux, pour commencer. Et ça y alla, à "Paule Legros" ! Ce véritable “chef de travaux” obtenait ce qu’elle voulait de tout le monde en échange d’un pari : cette ville qui fut aride comme peut l’être une plaine des galets, elle proposait que sa population - à commencer par maîtres, maîtresses et élèves des écoles - la fleurisse elle aussi, à côté d’une municipalité qui en avait fait un des axes de son action d’aménagement. On planta donc...
Après son école, les autres écoles, là tout au moins où le chef d’établissement le voulait bien. Et d’établissements, il n’en manqua aucun quand cela fut proposé.
Puis on passa à des carrefours et des jardins publics, plusieurs carrefours et plusieurs jardins publics, et au Parc boisé... Et aussi, vous vous en doutez, chez des particuliers trop heureux qu’une authentique main verte leur fasse de belles cours sans que cela ne coûte autre chose que la terre et les plantes qui vous étaient conseillées.
La suite ? Allons-y donc : un jour Jeannine Bocquée nous annonça avec beaucoup de fierté dans le regard et la voix que l’un de ses garçons rentrait au pays, son diplôme d’architecte en poche. Elle s’excusa presque qu’il fut encore bien jeune.
Nous eûmes envie, à la municipalité, de confier à ce fils une œuvre à réaliser.
Ce fut l’occasion du premier chantier d’un Alain Bocquée qui, par la suite et pour le reste de sa carrière, allait superbement s’affranchir de sa mère. Désormais, il gagne ses concours parce que, derrière l’anonymat des consultations, il y a du talent, du grand talent. Une très jolie monographie, sur quelque 115 pages du plus beau goût, nous le rappelle.

R. Lauret


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