Au fait, notre brave Arlette ...

20 avril 2007

Il en fallait un. Ce fut elle.
Pas difficile d’imaginer que la réponse (évidemment) négative qu’Arlette Laguiller a finalement envoyée ce mercredi à l’Alliance lui a été dictée par le(s) délégué(s) réunionnais de Lutte Ouvrière.
Et (évidemment !), Yves Mont-Rouge - du “JIR” - n’arrive pas à dissimuler sa satisfaction, lui qui écrivait hier que « la candidate de Lutte Ouvrière vient tout simplement de botter en touche la fameuse plate-forme de l’Alliance »... Et, au cas où l’on n’aurait pas bien compris, il rajoute : « En clair, Arlette Laguiller vient de dire à Paul Vergès que sa copie est à revoir et qu’elle ne cadre pas du tout, mais alors là, pas du tout, avec sa vision des choses... ».
Et pour que la boucle soit (évidemment) bien bouclée, il fallait un coup de fil de Y. M-R à Jean-Yves Payet, représentant local de L.O.. Lequel de surenchérir, évidemment !
Morceaux choisis : « La politique proposée par Vergès reste dans le droit fil de celle qu’il mène à la Région et qui consiste à défendre les intérêts des clans possédants... ». Défense de rire !!! Ou encore : « L’amélioration du sort de la population démunie ne peut se faire qu’en prenant l’argent sur les profits réalisés par les classes riches... ». Ben voyons !!! Et puis : « Laisser entendre qu’un soutien au patronat serait le seul moyen d’aider à la création d’emplois est une contre-vérité que partage Vergès lorsque, entre autres, il souhaite l’extension d’un statut d’entreprise franche ». Et voilà, tout est dit. Fallait oser !
On se gratte la tête, on se pince, on relit : c’est réellement écrit par le journaliste. Ça a donc été dit par l’interrogé...
On pense alors au psychanalyste Guy Corneau selon qui « chaque être doit gagner sa liberté »... et qui confie que « le combat que chacun est amené à livrer se déroule loin des champs de bataille, il se passe à l’intérieur ».
Bon... la liberté gagnée de mon compatriote Payet est ce qu’elle est. Et, surtout, il en fait ce qu’il veut. C’est son droit. Et, le croit-il sûrement, son devoir.
N’empêche : je ne peux m’éviter de penser au 19 mars 1946 et à la conquête de la Départementalisation, aux batailles engagées (et gagnées) pour l’Egalité, à celles - ardues, difficiles - menées et toujours à mener pour le développement. Cela a apporté un peu de mieux-être, cela a apporté des activités dont ont profité de nombreux travailleurs et travailleuses.
« Travailleurs-travailleuses ». Au fait, notre brave Arlette dont je suis parfois moi aussi tenté de penser qu’elle nous a donné tout au long de son parcours politique une belle leçon de résistance et d’humilité, notre brave Arlette aurait-elle pu lancer, à chaque élection présidentielle, locale, régionale ou européenne qui s’est déroulée depuis 1974, son fameux appel qui, au bout de sa voix, résonne d’un accent de rare et authentique sincérité, si d’autres ne s’étaient pas battus - avec les mêmes élans d’humilité, de résistance et de sincérité, d’entêtement obstiné aussi et de réussite parfois - pour que, malgré tout, notre pays se développe ? Et qu’il y ait eu alors, pour diriger les entreprises, des patrons qui, à côté de certains chefs rapaces et profiteurs, sont aussi, plus souvent qu’on ne le croit, des responsables et des humanistes, n’est-ce pas la vie tout simplement ? N’est-ce pas cela, la logique des luttes qu’il faudra toujours mener, en attendant que se réalise la sagesse hindoue : « Un jour, sous le vaste ciel, le monde entier s’unira dans la paix !... ?

Raymond Lauret


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