Au hit parade de l’horreur

3 janvier 2007

En ce début d’année que nous nous sommes souhaités « bonne et heureuse  », que classer en tête du hit parade de l’horreur : la médiatisation de la pendaison de Saddam Hussein ou, ici chez nous, l’horrible agression dont a été victime un paisible et généreux père de famille Saint-Paulois ?

Pourquoi donc, là-bas, il s’est trouvé un régime et “ses satellites” pour considérer que le monde entier avait besoin de voir - comme si le savoir n’était pas suffisant - comment l’ancien dictateur irakien avait expié ses fautes ? Pourquoi donc, n’écoutant que la concurrence économique féroce qu’elles se livrent, les grandes multinationales de diffusion de l’information se sont-elles alors jeté sur la manne et ont-elles fait entrer dans chacun de nos foyers, pour en banaliser l’horreur, les images et les sons de cette pendaison ?
Ici, chez nous, dans une des communes de notre île, pourquoi donc trois ou quatre jeunes, dont on découvrira demain qu’ils sont d’origine modeste, ont-ils cru devoir mimer un accident de vélomoteur, pour inciter une âme généreuse qui passerait par là à s’arrêter afin de porter secours et lui tomber alors dessus, la rouer de coups et l’asperger d’essence avant d’en faire une torche humaine ? Pourquoi cette sauvagerie gratuite dont les auteurs seront très vite - souhaitons-le en tout cas - découverts et jugés ? Pourquoi donc cette imbécillité barbare qui ne peut valoir à leurs responsables que la désapprobation horrifiée de toute l’opinion ?
Aujourd’hui, tout se diffuse. Et à l’heure d’Internet, tout, tout, tout se diffuse dans tous les recoins de la planète. Les effets pervers et inévitables d’une banalisation à grande échelle de la violence sont donc immédiatement décuplés et propagés. Au point qu’on peut parier que, sans trop tarder, à l’heure du JT et en “unes” de notre presse, nous serons avisés que dans tels ou tels immeubles de telles ou telles banlieues, des jeunes ont eux aussi réglé des comptes par pendaison.
Déjà au Pakistan, deux enfants de neuf et dix ans ont joué à faire « comme on a fait à Saddam ». L’un deux a réussi.
Insolite : pour les fêtes, ceci est rigoureusement vrai, ma vieille voisine n’a pas été capable de couper le cou d’un coq. L’image de la corde au bout de laquelle on avait exécuté Saddam Hussein lui était insupportable. Elle a remisé dans sa cuisine son couteau. Et notre gallinacé peut continuer à chanter.
Pour un exemple de refus de donner écho à la violence diffusée, combien de cas où cette dernière conditionne notre jeunesse et la pousse à faire pareil ?
À méditer.

R. Lauret


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