’Avec 700 euros, c’est suffisant... ’

2 août 2005

(page 2)

Nous sommes de celles et de ceux qui ont vu ces derniers jours à la télévision les insoutenables images de ces silhouettes décharnées d’enfants et d’adultes que la famine et, partant, la maladie déciment dans des régions entières du Niger, en Afrique.
Nous sommes aussi de celles et de ceux qui, dans le même temps, ont vu le reportage diffusé sur Tuléar, région côtière de Madagascar, et où, avec une dignité bouleversante, des enseignants et leurs élèves nous ont permis de mesurer le poids du dénuement qu’ils connaissent dans ce qui leur sert d’école primaire et qu’on aurait grand peine à imaginer dans le coin le plus pauvre de notre île.
J’ai également sous les yeux une copie de la lettre que la “Mission Catholique” de Maintirano a fait parvenir à “Enfants du Monde” de La Réunion. Il s’agit d’un compte rendu sommaire de la tâche que des religieuses et des religieux, là-bas, accomplissent à la prison malgache de cette zone totalement isolée de la côte ouest de Madagascar. En voici quelques extraits, tels quels : "... Le mois de novembre, tous les prisonniers avaient dû réintégrer la prison mais seulement pendant un mois. À la fin de décembre, on a trouvé une solution et une partie des prisonniers ont été autorisés à travailler dehors de la prison pour chercher de la nourriture... Voilà la situation actuelle : 240 prisonniers à l’intérieur de la prison, 35 à l’hôpital de Maintirano (malades). Nous donnons la nourriture de midi quatre jours par semaines à 275 prisonniers... à cause du cyclone février 2004, la prison a devenu très humide, les maladies ont augmenté et les dépenses aussi... Je pense que l’on fait une bonne aide humanitaire, merci de votre collaboration économique... avec 700 euros, c’est suffisant."
En fin de la semaine dernière, une jeune femme irlandaise a gagné, en jouant à Euromillions, la coquette somme de 115 millions d’euros. Ne résistons pas à la curiosité de voir à quoi cela ressemble, écrit en tous chiffres : 115.000.000 d’euros, soit 754.000.000 (sept cent cinquante-quatre millions) de francs. Que va bien pouvoir faire Madame Dolorès McNamara pour dépenser ce joli pactole ?
Pendant ce temps, nous sommes informés qu’un génie (affirme-t-on) de l’Art photographique moderne, l’américain Spencer Tunnick, est arrivé à Lyon. Il prépare dans l’ancienne capitale des Gaules la même œuvre qu’il a déjà réalisée à Barcelone, Londres, New York et Newcastle : photographier plusieurs milliers d’hommes et de femmes, tous volontaires et venus se mettre nus comme des vers en un espace bouclé pour, nous dit-on sans rire, "qu’il n’y ait pas de voyeurs". Cela va donner une œuvre d’art dont les effets déjà vérifiés ailleurs ont, assure-t-on, impressionné plus d’un directeur de biennale. Ne nions pas le poids artistique d’une telle démarche, puisque nous sommes ici dans le domaine du suggestif. Et puis, 3.000 personnes qui viennent offrir leur corps à la magie d’un objectif d’artiste de la photo, c’est effectivement une œuvre où la liberté et la beauté peuvent se conjuguer dans une rencontre à caractère exceptionnel pour un résultat d’exception.
Ne clouons pas non plus au pilori cette brave Irlandaise qui a eu le pot de choisir les meilleurs numéros d’une loterie ouverte à tous et où le sort décide seul. Cela tomba sur elle. C’aurait pu tomber sur vous ou sur moi.
Mon propos vise seulement à noter que, que l’on soit en haut ou en bas de l’équateur, être nus ne résulte pas de la même démarche et ne participe pas au même destin chez les tous hommes et chez toutes les femmes. Qui, faut-il le rappeler, sont des citoyens de la même Terre.
Il y en a manifestement parmi nous qui sont plus hommes et qui sont plus femmes que d’autres...

R. Lauret


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