Avec Jacques Dambreville, l’instant d’un repas…

12 avril 2010

C’était ce samedi 10 avril, quelque part sur les hauteurs de Sainte-Marie, à Flacourt, dans la même auberge où, le samedi 26 décembre dernier, j’avais “célébré” le mariage d’une amie de La Possession avec un fort sympathique “zoreil” de Fort-de-France. Le meilleur “cari tangue” de l’île était au menu, pour la grosse cinquantaine d’invités conviés à s’essayer à la feuille banane en guise d’assiette. De ces invités, j’en connaissais quelques-uns, dont certains (mais pas tous, loin s’en faut, seulement quatre ou cinq !) n’ont pas cherché, dès le premier regard, à me cacher leur satisfaction d’avoir, eux, choisi le camp des gagnants, lors des dernières régionales. Mais, passé le moment de l’apéro, un ami d’enfance, Jacques Dambreville, étant également de la partie, j’ai pu, tout au long du déjeuner, échanger avec lui sur ce qui a fait la toute dernière actualité.
Passons sur ces fameuses Régionales pour lesquelles nous convînmes qu’il est toujours aisé, avec le recul, d’expliquer toutes les défaites qui peuplent tous les agendas électoraux de la terre. Jacques et moi, nous nous attardâmes davantage sur cette ville du Port dont nous fûmes les enfants. Et aussi sur ces maîtresses et ces maîtres d’école que nous y avons connus et dont nous ne dirons jamais assez combien ils nous façonnèrent dans ce que nous avons eu de meilleur pour nous armer pour la vie. Sans surprise, nous avons cité Madame Estelle Legros et Monsieur Yves Dalleau, nous limitant à ces deux seuls noms parmi quinze ou vingt autres qui resteront à jamais au fond de nos mémoires. S’agissant de la ville du Port, nous ne pouvions pas non plus ne pas évoquer les spectaculaires changements qu’elle a connus en quelques décennies. L’occasion pour celui qui donna à notre Office départemental de la culture sa dimension d’aujourd’hui de me confier son envie de retrouver quelques-uns des jeunes Portois et Portoises d’alors pour nous rappeler comment elle était notre Commune d’autrefois. Notre Commune d’autrefois, avec ses dockers mêlés à la population des voyageurs débarquant de l’autorail dès avant que le soleil ne se lève pour de bon, notre Commune, avec ses défilés du 1er Mai et ses mille drapeaux et les voix des travailleurs qui se rythmaient aux airs d’accordéon de notre ami, l’inoubliable Antoine Erima, pour entonner “L’Internationale”.
“L’Internationale”… Avec Jacques, le mot fut lâché, le plus naturellement du monde. Un peu comme si, sans nous être concertés, nous avions besoin l’un et l’autre d’échanger sur la même émotion que nous avons ressentie, lui quelque part à Saint-Pierre où il réside désormais, moi dans l’Ouest où j’habite, lorsque, l’autre jour, Claude Hoarau sortit du Commissariat de la Rue Malartic après une très, très, très, une très longue garde à vue.
Passons sur ce que Jacques et moi nous pouvons penser de cet exercice que l’institution judiciaire impose aux fonctionnaires de notre police. « La Rue Malartic », je connais un peu et je puis dire que je ne saurais, pour ma part, en vouloir à ceux qui y avaient mission de m’interroger. Pour le reste, c’est à voir… Et ce jour-là, nous eûmes à voir, sur les écrans de télévision, notre ami et camarade donner tout son sens à “L’Internationale”, ce chant qui sait être beau comme un cantique de ferveur religieuse, ce chant qui appelle à la lutte contre tout ce qui entend oppresser le genre humain sans qu’il ne soit besoin de prétendre qu’il faille que le sang impur (celui des autres, évidemment !) abreuve nos sillons. Et nous pûmes entendre ce chant qui, dès 1899, devint l’hymne du mouvement ouvrier français avant de connaître à Stuttgart, en 1910, la stature internationale qui prévaut aujourd’hui encore. Ce chant qui exprime mieux que tout autre la nécessité pour les damnés de la Terre et les forçats de la faim d’être debout pour que du passé nous fassions table rase et que, n’étant rien, mais pouvant être tout, nous fassions changer le monde de base.
Tu ne m’en voudras pas, mon cher Jacques, pour cette liberté que je prends en entrouvrant juste un peu, à travers mon propos d’homme libre, la porte de nos échanges d’un jour, quand nous nous sommes retrouvés à la table d’amis communs. Tel que je te connais, homme libre toi aussi, je ne doute pas, si quelqu’un venait à te faire je ne sais quelle remarque d’un autre temps, que tu saurais clamer ton droit à conjuguer ta vie à tous les temps de l’idéal et de l’utopie. Puisque tu l’as chanté toi aussi, « Pour que le voleur rende gorge… Pour tirer l’esprit du cachot… Soufflons nous-mêmes notre forge… Battons le fer quand il est chaud ».

R. Lauret


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