’Avec nous aussi...’, ont plaidé les élus de Mayotte...

27 mars 2006

Les dramatiques événements de vendredi matin, en même temps qu’ils endeuillaient et plongeaient dans la douleur des familles réunionnaises, nous rappelaient que la liaison Saint-Denis-La Possession aurait dû emprunter la partie haute de La Montagne plutôt que son pied de falaise livré aux à coups de la houle.
L’émotion qu’ils ont suscitée et les inquiétudes qu’ils ont nourries quant à l’avenir ont occulté la Conférence de coopération régionale dans la zone de l’océan Indien qui s’est tenue les 23 et 24 mars derniers à l’Hôtel Le Saint-Denis.
Si je me base sur la pêche qui était l’un des quatre thèmes qui ont mobilisé l’attention des experts francophones qui étaient attendus de Maurice, des Seychelles, des Comores, de Madagascar, d’Afrique du Sud, du Mozambique, de Namibie, de Tanzanie, du Botswana et de Zambie, celle du Général Commandant supérieur des forces armées de la zone, en présence de chefs de services et d’élus de La Réunion, cette conférence a fait émerger un sentiment largement partagé : l’océan Indien mérite à bien des égards que la France et l’Europe appuient l’idée et la démarche qui veulent qu’il soit une zone de développement durable.
Quelques jours à peine après qu’eut été rappelée la formule prêtée à Raymond Barre et selon laquelle "la départementalisation a atteint ses limites car elle a atteint son objectif" (d’égalité sociale), nous avons noté - et de bien belle manière - de notables convergences objectives dans les préoccupations des uns et des autres quand furent évoquées les capacités de Mayotte et de La Réunion à être au cœur d’un dispositif pour une pêche qui profiterait pleinement aux peuples de toute notre zone du même océan Indien.
Toutes les insuffisances relevées par un expert, M. David Ardill (pénalités non dissuasives vis-à-vis de ceux qui contreviennent à la légalité internationalement admise, surveillance et connaissance de la ressource insuffisantes, manque d’inspecteurs et d’observateurs formés, déficit de communication entre les états riverains...), peuvent être corrigées et améliorées de manière sensible, dès lors qu’elles sont répertoriées et qu’existe la volonté de le faire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la conférence a montré que cette volonté existe et qu’elle est partagée par des hommes de qualité qui dirigent des administrations potentiellement capables et qui l’ont déjà prouvé.
Pour reprendre l’expression de Bruno Sarrade, Commandant de la Marine et conseiller auprès du préfet, "l’océan Indien est vide, mais c’est un désert actif", convoité par tous ceux qui n’ignorent pas qu’ailleurs, le poisson est devenu rare parce que la ressource a été pillée.
L’enjeu pour la France et l’Europe est de faire du 21ème siècle celui de la solidarité entre nations riches et peuples pauvres de nations qui ne doivent pas rester indéfiniment en voie de sous-développement.
Après 60 ans de départementalisation, La Réunion a le devoir de voir plus loin. Avec la France et avec l’Europe. "Avec nous aussi", ont à plusieurs reprises plaidé les élus de Mayotte...

R. Lauret


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