Bien chère Françoise Adam de Villiers...

12 septembre 2007

Vous ne l’ignorez sûrement pas, chère Françoise : c’est avec plaisir - parfois avec délectation - que je lis les papiers que vous écrivez dans “Eglise à La Réunion”.
Déjà, quand, il y a belle lurette, vous étiez au “Quotidien” - vous savez, ce journal pour lequel nous nous avons été nombreux en tout début à nous mobiliser et à descendre dans la rue - j’appréciais vos articles. Et vous vous souvenez sans doute toujours de la page que vous aviez un samedi consacrée aux hommes politiques réunionnais un peu poètes. Vous m’aviez fait l’honneur - c’en est devenu de l’amitié - de me compter au nombre de vos invités. Hors journal, nous avions poursuivi entre nous, tout en alexandrins. Vous révéliez ainsi d’autres facettes de votre talent.
Donc, je vous lis toujours avec plaisir. Parfois avec émotion. Et votre édito du numéro 332 de septembre du mensuel du diocèse ne m’a pas laissé indifférent.
Vous y secouez l’inertie de votre lectorat militant à travers le défaitisme affiché de certains de ces responsables paroissiens qui vous expliquent que si, au lieu de réaliser un magazine qui informe « sur la vie du diocèse et sur la manière dont les chrétiens vivent leur foi au quotidien, à travers leur engagements en Eglise ou dans la société civile », vous ne vous contentiez « qu’à faire “Prions en Eglise”, ça se vendra comme des macatias  ! »
« Comme des macatias » ! Le mot est lâché.
Et effectivement, là est notre problème. Je dis bien « notre problème », c’est-à-dire celui de notre presse à nous, celle qui est soucieuse d’élever le niveau du débat et qui est engagée à préparer les hommes de demain. Et non pas celle qui veut flatter le lecteur dans le sens de ses instincts de consommateur dans ce que « le marché et la libre concurrence » qui va avec lui balancent dans le nez et sous les yeux à grands coups de messages (de massages !) publicitaires avilissants.
Hélas, la presse “people” est entrain de gagner la partie. C’est aujourd’hui une réalité : à elle le gros du lectorat, l’essentiel de la pub, les honneurs des autres médias unis et solidaires ! A elle le confort des gros tirages et des chiffres d’affaires qui vont avec, à elle les juteux bénéfices pour ses actionnaires et les perspectives d’expansions et de conquêtes d’autres parts de marché ! A elle les suppléments en quadrichromie pratiquement pour le même prix !
Nous, on nous traite d’austères, de trop sérieux. D’où, comme vous le dites si justement à la fin de votre édito consacré à vos « 100 lecteurs portés disparus » , le risque pour “l’Eglise à La Réunion” de « succomber à son tour au virus de l’évaporation »...
Je voyais l’autre samedi, dans la page de “La di La Fé” que coordonne François Gillet du “Quotidien”, un petit entrefilet moucatant (gentiment, gentiment, mais moucatant tout de même) “Témoignages” sur sa diffusion quotidienne estimé par ce confrère à un millier de numéros.
Bon, vous me direz qu’il ne faut pas en faire un drame, que c’est sur le ton du La di La Fé” ! N’empêche, nous aussi à “Témoignages”, nous avons les mêmes problèmes qu’“Eglise à La Réunion”. Je le sais : votre combat c’est aussi notre combat. C’est pourquoi, bien chère Françoise Adam de Villiers, je continuerais à vous lire avec émotion. Histoire de garder l’espoir de trouver avec vous le remède à cette forme d’inertie qui gagne nos militants, chez vous autant que chez nous.

Raymond Lauret


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