C’est con, cette mort qui fauche des gars de 56 ans...

16 juillet 2007

Ça ne changera rien, ni pour lui, ni pour ses proches, ni pour nous qui aimions bien lui téléphoner quand il y avait une demande à satisfaire ou un problème grave qui se posait. Ça ne changera rien, mais on a envie de dire que c’est con cette mort qui nous l’a arraché alors qu’il avait encore tellement à nous apporter, lui à qui nous avions encore tant à demander.
Oui, c’est con cette mort qui vous fauche des gars de 56 ans, des gars qui n’ont pas envie de partir, parce qu’ils ont appris à avoir le sourire en toute occasion et le propos toujours rassurant puisqu’à tout problème, il faut trouver la solution.
Pascale David nous a causé de lui dans notre journal de mercredi. Elle a donné la parole à des personnes qui n’ont pas eu besoin de réfléchir longtemps pour dire de lui combien c’était un type bien. Qu’ils s’appellent René Guillem (l’actuel Directeur Général délégué de la SHLMR), Serge Payet, Alain Dreneau, Michel Oberlé, Hugette Bello ou Ary Payet, tous ont souligné ses qualités de cœur, son professionnalisme jamais pris en défaut, sa disponibilité, son sens de l’écoute quel qu’était le statut de son interlocuteur.
Sûr qu’un Pierre Lagourgue aurait eu aujourd’hui la larme à l’œil s’il avait été encore des nôtres. Sûr que Jacques Thibier, l’ancien directeur de la SHLMR et depuis quelques mois maintenant en poste au « Groupe Armand Apavou », aurait mille souvenirs à nous conter sur le long chemin de trente ans qu’ils ont fait ensemble pour sortir de terre plus de 20.000 logements, les gérer, les entretenir et en faire une référence réunionnaise. Sûr que Magalie Ozoux, dont la vie fut étroitement mêlée au destin de ces bâtisseurs d’exception, a eu mal en apprenant qu’il n’était plus.
Daniel Moutien, Daniel Canabady-Moutien, nous a quittés. Il repose désormais dans le cimetière de Saint-Pierre, à quelques distances du stade Michel Volnay où il aimait venir soutenir, même dans la défaite et tout autant dans la victoire, son équipe de la JS St Pierroise. On en parlait souvent, lui et moi, de cette St Pierroise dont il était un inconditionnel amoureux, quel qu’en soit le Président, l’entraîneur, le gardien de but ou le buteur, quelle qu’en soit l’époque, celle des triomphes enivrants ou celle des difficultés qui pouvaient défrayer la chronique. « Vous allez voir, maintenant c’est bien parti », nous lançait-il, le ton riant de bonheur tranquille dans les premiers cas, avant, quand ça n’allait pas, de nous laisser entendre que « c’est passager, c’est même un mal pour un bien, vous allez voir, ils vont repartir très bientôt ».
Alors, puisque cela ne changera rien, ni pour toi, ni pour tes proches, ni pour nous qui t’aimions bien, puisque c’est con mais que c’est comme ça, alors Daniel, permets que je te dise : « bons matchs », depuis là où désormais tu peux, sans avoir besoin de te déplacer, tranquillement et avec ton éternel sourire, entendre toutes les clameurs du stade, ses « olas » de joie autant que ses silences de tristesse. C’est ta vie qui se poursuit jusqu’au bout de ton destin.

Raymond Lauret


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