C’est pourquoi...

4 mai 2005

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Comment donc cette église que l’on savait si grande débordait ce lundi jusque sur le parvis ?
Comment donc, sur les bancs, se pressaient tant de gens dont on pouvait penser qu’elle les connaissait ?
Comment donc se fait-il que chacun des propos tenus par ses enfants, ses frères et son mari, tenus pour ses amis et tous les camarades de son parti, furent autant à ce point écoutés, médités, adoptés comme pour mieux associer ceux qui les entendaient à sa vie toute entière donnée, lorsqu’elle choisit un jour de prendre elle aussi le risque d’être aimée, par les autres, à jamais ?
Comment donc, oui, comment un curé sut trouver les phrases qu’il fallait pour dire dans ces mots à elle, en créole, en français, l’être qu’elle a été, militante attachée à prendre, sans nulle ambiguïté, ce parti que le samaritain un jour avait tracé ?
... Oui, comment t’expliquer que nous t’avons louée dans un premier adieu, exaltée, applaudie comme cela se fait quand on vient saluer une dernière fois une très chère amie ?
Tu es juste partie là où chacun de nous demain te rejoindra, dans une vie qui se poursuit là-bas, de l’autre côté de nos lignes d’horizon, là où t’attendaient, souriants, les plus illustres des bons samaritains, là où tu peux continuer à marquer tous nos pas, même si tu t’en doutes un peu, tu nous manques déjà...
Et s’il est vrai que nos vies n’ont de sens que parce qu’un jour nous mourrons à notre tour, la tienne de vie, pleinement donnée pour que bougent les autres, avec ces coups de cœur que tu savais si faire, la tienne de vie, je te le dis, nous plaît totalement.
C’est pourquoi cette église que l’on savait si grande débordait ce lundi jusque sur le parvis...
C’est pourquoi sur les bancs tant de gens se pressaient dont on pouvait penser que tu les connaissais...
C’est pourquoi les propos que dirent tes enfants, tes frères et ton époux et ceux de ton parti furent autant à ce point écoutés, médités, adoptés je te dis.
C’est pourquoi un curé sut nous dire, dans tes mots préférés, en créole, en français, qu’un jour le bon samaritain a éclairé ta vie, t’invitant à choisir le risque d’être aimé lorsque l’on s’ouvre aux autres. Et nous t’avons aimée.
Salut, championne...
Salut, grande et belle championne.

R. Lauret


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