Ce qui est inquiétant ...

27 août 2007

Il n’est sûrement pas inutile de prendre et de prendre encore un peu de temps pour parler des Accords de Partenariat Economique, ces fameux APE qui seront, selon toute vraisemblance, en application dans quatre mois, dès l’année 2008, entre divers pays de la zone.
Le contexte est simple à comprendre. Dans son souci d’aider les pays ACP (tous pays peu ou moyennement avancés) à ne pas sombrer dans les vagues de la mondialisation qui se met en place et qui devrait voir les pays de grands ensembles riches écraser les faibles et les petits sous le poids de leur performante économie, l’Union Européenne entend organiser ceux de ces derniers qui sont dans son rayon d’influence. Pour l’Océan Indien, il s’agit de nombreux pays d’Afrique, de Madagascar, des Comores, de Maurice...

Les APE visent à supprimer toute barrière douanière pour les produits des pays ACP entrant en Europe. Or, La Réunion, c’est l’Europe. Région ultrapériphérique certes, mais européenne.
Bien sûr, nous avons simplifié. Mais là, se trouve l’essentiel. Toutes les productions agricoles des pays ACP (à l’exception du sucre et du riz) pourront sous peu entrer librement sur notre marché.
La logique (si on peut s’exprimer ainsi !) qui prévaut actuellement en Métropole, avec la délocalisation vers les pays d’Europe de l’Est ou la Chine de pans entiers de l’industrie française parce que les coûts de productions y sont bien moins élevés, va également et immanquablement se développer chez nous. Les milieux économiques locaux craignent que Madagascar et ses immenses possibilités foncières soient un lieu d’appel auquel les investisseurs réunionnais pourront difficilement résister. En simple et (bonne) logique économique...

Par exemple, le groupe Caillé est entrain de s’associer avec les coopératives malgaches pour produire là-bas ce qui, à brève échéance, alimentera en fruits, légumes et viande bovine la consommation réunionnaise. S’il ne le fait pas, ce sont d’autres, venus de Métropole, de Chine ou d’ailleurs qui le feraient. Qui le feront sûrement. On est, répétons-le, dans une toute simple et (bonne) logique économique...
D’autres groupes réunionnais se préparent un repli sur les territoires malgaches ou africains, là où ils trouvent des conditions bien plus avantageuses (foncier illimité, disponible et quasiment gratuit, coût de la main d’œuvre extrêmement bas et donc, en conséquence, prix de revient incomparablement meilleurs que chez nous). Chez nous, c’est-à-dire l’Europe, l’Europe Ultrapériphérique.
C’est l’inquiétante réalité d’aujourd’hui.
Saurons-nous faire entendre cette inquiétude que les milieux économiques et politiques de La Réunion partagent d’une même voix ?
La question est posée. La réponse n’arrive pas. C’est bien cela qui est inquiétant...

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • l’inquiétude légitime que l’on ressent à travers cet article, renvoie à deux choses :
    le modèle sociale français et les coûts liés à la mobilisation des moyens de production humains et capitalistiques (machines et argent) ;
    l’absence de modèle social dans les pays en voie de développement.

    comment importer alors qu’il existe des différentiels de coût de main d’oeuvre, des différentiels de fiscalité entre pays acheteurs et pays producteurs ? pour exemple, l’UE est loin d’arriver à un accord sur ces deux thématiques permettant l’homogénéité des dispositifs fiscaux par exempe...sans doute faut il laisser à chaque Etat, la responsabilité des orientations fiscales nationales.. mais cela se fait dans un contexte de mondialisation et de libéralisation des échanges dont on mesure par l’exemple cité par le rédacteur de l’article, toutes les conséquences. La suppression des barrières tarifaires (censées protégées les productions locales) à l’entrée des produits importés sur le territoire réunionnais nécessiterait l’adoption par les pays producteurs, de taxes spécifiques au sortir de leurs exportations, payés par les acheteurs étrangers ou multinationales, de sorte que le coût de ces marchandises à l’arrivé sur le territoire réunionnais, ne soit pas trop inférieur à celui des productions locales. Ce transfert de fiscalité, que l’on pourrait également envisager d’être sous traité dans le pays acheteur par une taxe prélevée sur ces multinationales au prorata des achats effectués dans chaque pays à coût de main d’oeuvre moins chère, servirait au développement "social" de ces pays...mais quel serait dès lors, l’avantage à proposer des produits importés, si leur coût avant commercialisation ne présenterait dès lors plus aucun avantage...

  • rappelons toutefois à Raymond Lauret, que les économies générés en amont d’un système de commercialisation, ne génère pas systématiquement une répercution sur le prix de vente final....si en tant que producteur et distributeur, je peux vendre à 100 € et que cela me coûte 75 à produire et commercialiser, si demain j’arrive à économiser 40 € de coût de production, le marché ayant été habitué à acheter à 100€, je peux continuer à vendre à 100 € en réalisant un gain supplémentaire de 40 € ! à moins bien sûr, que le consommateur avisé n’ait connaissance de ce gain et réclame, lui aussi, sa part sur cette productivité supplémentaire. la redistribution des gains de productivité est donc un des noeuds gordien de la problématique de la variation du pouvoir d’achat des consommateurs, et l’accès à la connaissance des coûts de production un préalable indispensable...le boycott des produits, des marques ou des multinationales demeurant la seule arme à la disposition des consommateurs qui ne verraient pas les prix à la consommation baissés dans des proportions raisonnables au titre du partage de ces gains de productivité..


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus