Qui eut dit quand, au soir du 9 juillet 2006, l’Italie s’imposait aux tirs aux buts face à la France en finale du Mondial de Berlin, que 8 mois seulement après, « le calcio aurait perdu son âme » ?
« Match truqués, stades vides, supporteurs violents : le football italien, écrit Edmond Berselli dans le journal “La Republica”, est devenu un divertissement sans intérêt. Et ce n’est pas la mort d’un policier aux abords du stade de Cartane, le 2 février dernier, qui y changera grand-chose ! ».
Il y eut bien une tentative de “grand nettoyage”, après la découverte, il y a quelques années, de cas de matchs “arrangés” et donc truqués parce que des arbitres se faisaient “acheter”. Le mal, on le voit, était déjà bien ancré dans le fruit.
« Ce ne fut qu’un mirage, confesse, désabusé, un responsable italien. Rien n’a changé. Enquêtes et condamnations n’ont eu aucun effet. Trop de concessions sont faites aux factions violentes en échange de leurs seules promesses de ne plus... remettre ça tout de suite ! ».
Le football italien passe un cap difficile, qui ne fait pas que ternir son image. Le fric qui y circule est l’objet de toutes convoitises. Les télés laissent dans les caisses des clubs et de leur Fédération des sommes énormes. Tout le monde veut sa part qu’on croit à portée d’opérations occultes ou au bout des pressions que l’on peut y mettre.
Et ce qui était prévisible, car déjà vécu ailleurs en Europe, est apparu dans les stades italiens : les emblèmes de l’extrême droite fascisante à l’ombre desquelles un sous-prolétariat urbain se rassemble, proie facile pour idéologie sans foi ni loi.
Voilà pour l’Italie et ses médecins condamnés pour avoir participé à toute une opération de dopage de joueurs...
La gangrène va-t-elle gagner la France ?
Paris aussi a eu son mort et ses violences à base de racisme, il y a peu : souvenons-nous, le Parc des Princes, les hooligans du P.S.G.
Il y a une dizaine d’années, j’avais été convié à participer à un colloque organisé à Lyon par l’association “Légisport” et dont le thème était « Sport et racisme en France ». J’avais été marqué par le témoignage de Joseph-Antoine Bel vers lequel, quand il jouait au plus haut niveau, des supporteurs d’un grand club français lançaient depuis les tribunes d’un virage des bananes. Et le gardien de but de faire sourire l’hémicycle en expliquant que ces mêmes supporteurs, dans leurs gesticulations racistes, « imitaient très mal les singes, n’en ayant probablement jamais rencontré dans leur vie » !!!
Du racisme, Thierry Henry a dit que « c’est le problème le plus grave du football aujourd’hui », lui qui fut insulté par le sélectionneur espagnol Luis Aragones en janvier 2005.
Lilian Thuram, dans le documentaire “Noires Mémoires” diffusé le 29 octobre 2005, n’hésitait pas à lancer que « pour que le racisme cesse en France, il faudra que tous les Noirs et tous les Maghrébins soient célèbres... ou riches »... Commentaire de Jean-Philippe Bouchard, Rédacteur en chef adjoint à “France Football” et auteur, entre autres, du “Roman noir du P.S.G” : « Ce que Thuram fait comprendre avec son sens de la formule, c’est que le mal est profond, historiquement ancré, réactivé sans cesse par un contexte économique qui fragilise les populations les plus exposées. Membre du Haut Conseil à l’Intégration, Thuram veut croire dans toutes les initiatives qui peuvent permettre de lutter contre le racisme ».
Et dans notre île ? Difficile d’imaginer que nous pourrions en souffrir. Même si la grossièreté du propos tenu il y a 3 mois par un “important” dirigeant du football réunionnais à l’encontre d’un dirigeant d’un club local d’origine antillaise n’a soulevé aucune protestation, si ce n’est celles de notre journal...

Raymond Lauret