Cela a donné “Jacqueline Létard”

27 juin 2006

Des noms de chez nous disent fort bien qu’ils ont été, le jour où ils ont été attribués ou choisis, le fruit de l’imagination des hommes de l’époque. Se faire appeler ou choisir de s’appeler Fontaine, Rivière, Dubourg, Dupont, Marteau, Lenclume, Alendroit, Alenvers, Marquis ou Serviable, cela sent particulièrement fort l’allusion à un lieu, à un état social. Leriche, Lecomte, Lefranc, Lepetit, Legrand, Lebeau : la liste est loin d’être close de nos noms qui sont sortis d’une image, d’une idée, d’une malice. Ou d’autre chose encore, n’est-ce pas, quand on se nomme Lévêque, Lepape, Lenfant, Lebreton ou Jarnac !
Ces noms - et cent autres que les spécialistes de la chose ont repérés - nous sont familiers. Nous les prononçons chaque jour sans nous poser de questions, laissant aux férus de généalogie ou simplement d’Histoire le soin de trouver pourquoi un jour il y eut un Recherchant ou un Cerveaux...
Et puis, il y en a d’autres qu’on n’a jamais entendus. Ils apparaissent un jour au bas d’un courrier de lecteur, dans une de ces pages qui font le succès de nos journaux et qui sont le passage préféré de ceux (et de celles) qui ont quelque chose à dire dont ils ne sont pas totalement sûrs ou à laquelle ils ne souhaitent pas que leur personne soit publiquement associée. Cela frise alors le délit...
Ainsi, il y a une dizaine de jours, quelqu’un glissait sous un patronyme plein de sens un prénom féminin et cela donnait "Jacqueline Létard", au bout d’une lettre qui soulignait que l’audace de Madame Ségolène Royal pour s’imposer dans la démarche des présidentiables du Parti socialiste n’avait rien d’anormal : les “courants” sont une réalité dans ce parti et les batailles “d’éléphants” auxquelles ils donnent droit ont toujours abouti, qu’une fois “choisi” l’unique porte-parole du mouvement à la “rose au poing”, tout le monde fait une seule et unique campagne. Tout le monde gagne, tout le monde perd : ainsi va le P. S..
Pour dire cela, a-t-on besoin de se faire appeler "Jacqueline Létard" ? Pour qui lé tard ? Pou koué lé trop tard ?
Vous l’avez compris : comme beaucoup d’entre vous, je pense moi aussi et plus que jamais, l’anonymat derrière lequel certains se cachent (si mal) ne devrait pas être accepté comme si c’était un droit. C’est tout au plus pour ceux qui en usent le sentiment qu’ils déposent d’un priviliège...
Et pour ce qui est de privilèges, l’Histoire nous a enseigné et continue à nous enseigner ce qu’il faut en penser...

R. Lauret


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