Cela est bien banal. Jusqu’au jour où...

7 février 2005

(Page 2)

Ce qui va suivre est banal. Banal, malgré le poids du drame dans lequel de très nombreuses personnes sont aujourd’hui, plongées. Banal, malgré les interrogations que n’ont pas manqué de formuler tous ceux qui, ce dimanche matin 6 février, à l’heure où le soleil se lève sur ce qui pourrait être un jour de repos, de retrouvailles familiales ou simplement de ressourcement moral ou spirituel, ont croisé le spectacle de ces deux voitures qui s’étaient violemment encastrées sur la route, à la hauteur du village de Trois-Bassins sur la bande littorale.

Oui, cela est banal, un nouvel accident dû sans doute à la vitesse, à la fatigue ou à toute autre forme de défaillance de la mécanique humaine. Cela est banal, parce que ce n’est pas la première fois que la mort est au rendez-vous de vies qui ne pensent jamais qu’elle rôde toujours tout près et qui ont oublié - l’espace fatal de quelques instants - que cette mort, elle arrive vite, de notre fait ou de ceux qui côtoient les mêmes routes... Parce qu’elle est sous notre pied, là où le constructeur automobile a placé un frein et un accélérateur pour nous permettre de rouler prudemment.

Cela est banal parce que nous ne retenons jamais, ou si difficilement, les résolutions que nous prenons tous lorsque nous apprenons que le drame vient de frapper d’autres familles, d’autres jeunes, d’autres que nous. Nous oublions très vite et, un jour, c’est notre tour...

Oui, cela est banal. Et puis, un jour, quand arrive notre tour, alors, cela n’est plus banal. Cela nous plonge dans la détresse. Nous pleurons d’avoir, l’espace d’un instant, oublié que pour gagner dix minutes, voire moins, nous avons laissé des vies dans le fossé, pour toujours.
Oui, un accident où les autres sont morts, cela est bien banal... Jusqu’au jour où, cela ne l’est plus : nous sommes concernés... Nous sommes consternés...
Comment éviter que cela nous arrive, sachant que nous pouvions très aisément nous y atteler ?

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus