Cet Océan qui est le nôtre et où la misère mutile...

14 mars 2005

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Le drame de la misère a encore endeuillé notre Océan Indien la semaine dernière avec le kwassa-kwassa qui a sombré entre Anjouan et Mayotte. De la quarantaine de pauvres gens qui avaient pris place dans le frêle esquif, seuls quatre n’ont pas péri.
Un jeune comorien anjouanais installé dans notre île expliquait, sur les antennes de Télé Réunion samedi soir, que sa belle-mère n’ayant pu avoir un visa pour quitter son île de l’archipel pour venir assister sa fille qui avait été hospitalisée à Dzaoudzi, avait trouvé la mort dans le naufrage. Et de poser ce problème des visas qui ne se délivrent plus, ce qui oblige les volontaires pour l’île française voisine de tenter le passage dans la plus totale illégalité et qui referme sur eux, trop souvent, la spirale du malheur.
Ne nous cachons pas derrière ce cas - même s’il n’est peut-être pas si particulier que cela - pour ne pas voir que l’essentiel des passagers des kwassa-kwassa fuient une misère qui ne laisse aucune perspective, pour un supposé et bien relatif eldorado, que cela s’appelle Mayotte ou La Réunion !

Samedi après-midi, à l’assemblée qu’"Enfants du Monde-Réunion” avait organisée pour permettre à ses adhérents réunionnais de rencontrer Mme Amélie Rajaonarison, le récit de cette dernière nous permit de mesurer à quel point, lorsque nous imaginons ce qu’est la misère à Madagascar, nous sommes toujours bien en dessous de la réalité.
Le peu que les 1.100 parrains et marraines de La Réunion envoient à Mada permet de rendre un peu d’espoir à de nombreuses familles des zones pauvres où les relais malgaches, tels que Mme Rajaonarison et les membres des congrégations religieuses, peuvent agir.

Mais quelle misère, dans un monde où la corruption des grands en col blanc rend, sinon excusables du moins compréhensibles, les “larcins” qui nous sont signalés ! Quelle misère qui débouche sur tant de drames !
Comoriens et Malgaches sont nos voisins. Ce sont, que nous le voulions ou non, nos frères.
Plus que jamais - et parce que tous les “Enfants du Monde” de La Réunion ne pourront qu’apporter un peu de beurre sur un pain trop souvent inaccessible pour beaucoup d’entre-eux - il importe que nous mesurions l’urgence qu’il y a à établir une politique de co-développement régional qui offrirait à ces pays leur lueur d’espoir.

Vendredi, j’écoutais Jean-Raymond Mondon, le président du Conseil économique et social régional de La Réunion (CESR), entouré de Guy Dupont, président du CPI (Comité de promotion de l’industrie), du haut fonctionnaire régional Bruno Guigne et de l’économiste Ho-Haï-Quang, relater devant un groupe de conseillers régionaux leur première contribution à des orientations stratégiques en matière de développement économique, pour une Réunion qui soit active, qualifiée, conquérante et solidaire.
Il a été souligné, et il est bien que cela ait été fait, que le premier cercle de notre indocéanité, ce sont justement ces îles tellement proches, tellement liées qu’elles sont un peu de nous-mêmes. Surtout quand là-bas, un peu de nous-mêmes survit dans la difficulté... et parfois meurt avant même d’être adolescent.

R. Lauret


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