Cette Europe, celle des peuples...

26 avril 2005

(page 2)

La démonstration faite hier matin sur les ondes de KOI-FM par Jean Saint-Marc sur les sombres perspectives qui guettent l’économie sucrière des petits pays en général, et forcément de La Réunion, ne manquait pas de gravité. Pédagogue talentueux, notre camarade a su montrer combien refuser, le 29 mai prochain, un projet de Constitution qui finalement ne comporte pas que des erreurs, mais bel et bien le souci de certains influents personnages qui circulent dans les couloirs des pouvoirs politiques, de pousser l’Europe et le monde à s’aligner sur le modèle américain. Refuser cela est plus que jamais un acte politique qui doit engager toutes celles et tous ceux qui refusent, dira encore Jean, la fatalité de la loi du silence, de la loi du milieu, de la loi de la jungle et, je me suis permis de rajouter, de la loi des plus forts.
J’ai également apprécié la contribution de Bruno Guigue parue dans l’édition de samedi de “Témoignages”. Évoquant l’attirance qu’affichent certains “européens” pour le mythe américain (“les États-Unis d’Amérique”), Bruno Guigue rappelle que les USA se sont bâtis sur une terre sans Histoire qui "offrait la virginité de ses plaines au labeur acharné" de ceux qui en furent ses pionniers.
Et Bruno Guigue poursuit : "Moyennant la destruction cynique des sociétés indiennes, la nation américaine a saisi cette chance. L’Europe, elle, ne l’a jamais eue et ne l’aura jamais".
Il est vrai, comme le souligne notre ami, que "la mémoire européenne est pleine... avec un multiple saturé qui lui colle à la peau..." tandis que "la mémoire de l’Amérique cherche désespérément à se remplir, à partir d’une géographie sans Histoire ?"
Vouloir réaliser les États unis d’Europe, c’est croire, nous dit en substance Bruno Guigue, qu’en redoublant d’incantations appuyées de "mauvaises métaphores et de comparaisons oiseuses" (suivez mon regard), on va pouvoir se hisser au niveau du "modèle" américain. Triste perspective en vérité car la mondialisation ultralibéralisée viserait à "couper tout ce qui dépasse", à niveler par le bas, là où l’on cumule les mondes et les modes de vie différents, voire profondément éloignés.
En définitive, on a voulu aller vite et en catimini, on a voulu imposer en douce une Europe où le grand capital trouverait le terrain optimal à son expansion avec les concepts du "pays d’origine" et de "la concurrence libre et non faussée". Et on aura les secousses !
On a seulement oublié que les peuples ont une Histoire, leurs Histoires à eux et qu’il y a des Hommes qui n’accourent pas automatiquement quand les sirènes du profit claquent des doigts.
C’est bien pourquoi nombreux sont ceux et celles qui disent “non” à cette Europe-là, nombreux sont celles et ceux qui veulent une Europe des peuples, celle dont on ne confierait sûrement pas à un Valéry Giscard d’Estaing le soin d’écrire le projet de Constitution.

R. Lauret


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