Cette leçon doit être retenue...

10 décembre 2004

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Les portes du tribunal de Champ-Fleuri se sont refermées ce mercredi sur des secrets qui n’en sont pas et au premier rang desquels il y a l’origine des sommes auxquelles Erick Lazarus s’était accroché avec, nous voulons bien le croire, sincérité ou même naïveté ?
Ces mêmes portes ont plongé 165 personnes dans une réelle détresse. Qui n’a pas été ému par ces visages en larmes, ces regards désorientés ou encore les propos de Valérie Payet empreints d’une bouleversante dignité ?

Ces portes disaient aussi qu’il n’y avait plus d’issue, pas la moindre issue, dès lors que la famille des capitaux privés n’arrivait plus à trouver d’autres ressources qui, on finit aujourd’hui par l’admettre, ne pouvaient provenir que du secteur privé.
Cela dit, il y a une leçon - parmi d’autres - qu’il convient aujourd’hui de tirer.
Le transport aérien - depuis une région-île à l’ultra-périphérie de la France et de l’Europe auxquelles elle appartient - est une responsabilité de l’État. Ceci n’est plus à démontrer.
Lorsque l’État délègue au secteur marchand (et donc privé) cette responsabilité, il n’en est pas pour autant totalement déchargé. Et l’annonce faite l’autre semaine par le ministre français des Transports, M. Gilles de Robien, qu’il allait soumettre au gouvernement et à Bruxelles l’idée d’une loi qui reconnaîtrait l’obligation de prendre en charge les conséquences qui découleraient de toute faillite d’une compagnie aérienne, est particulièrement révélatrice de la prise de conscience de la responsabilité qui est celle des autorités qui délivrent les autorisations dans ce secteur du transport.

Déjà, tout le monde l’admet : Air Bourbon était sous-capitalisée. Avec un seul avion, il ne lui suffisait pas de connaître un taux de remplissage satisfaisant. Il ne lui suffisait pas d’avoir un personnel navigant compétent et dévoué, ni un personnel au sol disponible. La dure réalité de l’économie libérale et concurrentielle ne fait pas de quartier dans la bataille qui la caractérise.

Il faut aussi le dire : Air Austral ne peut tenir le coup que parce qu’elle dispose d’une flottille de plusieurs appareils et qu’elle peut miser sur une synergie positive. Les lignes régionales sont souvent le point de départ de ses lignes long-courrier offert à de nombreux passagers de la zone. Et puis elles permettent d’étaler sur un chiffre d’affaires plus important des frais fixes qui, dans le cas d’Air Bourbon, ne “s’amortissaient” que sur un avion unique. La compétence reconnue de son directeur général Gérard Ethève est un plus qui, seul, n’aurait pas suffi.
Le transport aérien depuis notre île - et remercions au passage K.O.I de très bien le démontrer - est une obligation de service public dont l’État ne peut déléguer une partie que sur la base d’un cahier des charges strict dont il doit se porter garant.
L’État a cumulé trop de coupables faiblesses lorsqu’il a autorisé Air Bourbon à remplir cette mission. Son ministre des Transports l’admet implicitement.
Cette leçon doit être retenue...

Raymond Lauret


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