Chantale et Marc Fontenoy

15 mars 2007

L’heureuse rencontre qui, l’autre semaine, le temps de quelques heures, plaça côte à côte à des centaines et des centaines de milles de notre île, l’immense “Jeanne d’Arc” et le frêle esquif sur lequel Maud Fontenoy finissait d’écrire au féminin quelques unes des pages les plus belles de la bravoure humaine, s’est offert une courte et bien sympathique parenthèse lundi dernier, peu après que le célèbre porte hélicoptères eut accosté au port de la Pointe des Galets.
Nous étions à la table du Capitaine Gilles Tillette de Mautort, militaires,
administrateurs civils, homme politique. Et aussi Chantale et Marc Fontenoy, les parents de celle à qui tout un équipage avait arraché des larmes de bonheur quelques jours auparavant. Les parents de celle qui hier en milieu d’après midi faisait chavirer de reconnaissance toute une population, bien au delà de nos seules frontières.
J’ai donc connu le privilège de partager deux heures de réflexions et d’émotions exceptionnelles : celles qui ressortent de la vie à nulle autre pareille d’une famille qui a choisi de vivre dans sa maison qu’elle emmènerait partout où les vents pousseraient ses voiles largement déployées, à la rencontre d’une planète dont, comme l’a dit Arthur Clarke, on peut « se demander pourquoi on l’appelle Terre alors qu’elle est pleinement Océan ».
En écoutant Chantale et Marc Fontenoy nous accueillir dans l’intimité de leur foyer, par delà cent anecdotes que nous entendions avec un sourire attendri, émerge évidemment l’image de Maud, cet être sensible, à la personnalité très tôt trempée dans le bain de l’authentique, qui a fait le choix de la simplicité et celui d’ignorer l’arrogance et la suffisance. Les exploits qu’elle a minutieusement préparés auront toujours été l’aboutissement des désirs qui l’habitent : s’ouvrir aux autres, aux enfants notamment dont elle croit qu’ils ne sont pas faits pour être indifférents aux problèmes qui les entourent et insensibles à la nécessité de s’engager dans ce qui paraît difficile. En écoutant Chantale et Marc Fontenoy, j’ai bien saisi que Maud refuse d’être traitée comme si elle était une curiosité bien à part. Elle entend avoir les pieds sur... mer même si son regard, forcément et plus souvent que les nôtres ordinaires, va au devant et bien au delà des vagabonderies que lui offrent les grands larges.
En réalité, elle sait qu’elle se doit de dominer, jusqu’à faire le choix de feindre l’ignorer, cette peur qui est le propre de la clairvoyance et de la sérénité.
Ce lundi, à l’autre bout du portable de son père qu’elle avait appelé, nous la sentions confiant à la personne d’expérience ses besoins d’entendre la voix qui sait donner les conseils qui rassurent. Nous la devinions habitée des sentiments d’hommes et de femmes, impatiente de retrouver les visages des siens, ceux de son papa et de sa maman et d’autres, peut être aussi et sans doute même... oui... et sans doute aussi les visages de tous ces jeunes qui ce jeudi vont lui crier leur admiration et la hisser très haut dans leur coeur et leur imagination.

Raymond Lauret


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