Cher Monsieur Lenormand, je suis comme ça et même pire...

5 mai 2006

Dans le “JIR” de ce jeudi 4 mai, vous vous gaussez joyeusement : j’ai "mangé mon chapeau", écrivez-vous, vu que, "au bout de deux ou trois trajets par la route de la Montagne, (j’ai) fini par rendre les armes" et que j’ai "repris cette bonne vieille route de la Montagne". J’en conviens, vous l’accorde et vous supplie de ne plus en rajouter : je fais publiquement mon mea-culpa.
Mais dès que vous aurez pris connaissance du courrier que j’ai envoyé dès mercredi à la presse, vous saurez que j’ai avoué et de ma main écrit "qu’il faut donc se rendre à l’évidence : passé le temps des résolutions prises sous le coup de (l’imprudente) émotion, on reprend la route du littoral, en évitant autant que possible les heures de pointe... et en s’essayant au co-voiturage, question de ne point rajouter aux queues qui s’étirent...". Vous le voyez : je sais reconnaître mon coupable penchant à dire mes émotions. Je suis comme ça et même pire que ça : je me fais souvent des illusions, accorde facilement ma confiance et passe volontiers l’éponge. Ce qui, vous vous en doutez, réjouit mes détracteurs et désespère certains de mes proches. Peut-être ne suis-je pas fait pour ce que je fais. Allez savoir !
Ceci dit, votre lettre (bien écrite, comme le sont toutes vos contributions que je lis avec attention) m’interpelle. Ainsi, ces bouchons qui s’allongent sous nos yeux sur bon nombre de nos routes jusqu’à préfigurer ici ou là le coma circulatoire qui nous attend, ainsi ces heures et ces heures perdues chaque matin et chaque soir pour des dizaines de milliers de personnes, ainsi cette dépendance à un carburant dont nous savons qu’il va coûter de plus en plus cher, ces parts de budgets des familles moins aisées ainsi dépensées qui expliquent que, dans une alarmante proportion, l’on n’a plus de quoi payer l’assurance de sa voiture, ainsi donc tous ces problèmes ne semblent pas à vos yeux mériter que l’on prenne le risque d’être "impopulaire" ? Ainsi, selon vous, nous n’avons pas à nous mobiliser pour sortir notre île et sa population du tout automobile qui finira plus tôt que vous ne croyez par tuer l’automobile ? Ainsi, selon vous, l’essai sur deux ou trois jours d’un car jaune de la Sotrader pour faire la RD41, c’est çà la politique des autorités en faveur du transport en commun ? Ainsi, vous raillez ce qui dans le monde moderne s’est partout imposé ?
Vous confondez, je crois, mais avec talent, une bataille et toute la guerre, un détail et l’essentiel, une émotion et la réflexion.
Avant qu’il ne soit construit, le métro de Paris a eu ses détracteurs et les parisiens ont été alertés sur les risques d’effondrement de quartiers entiers de leur ville, ou de déraillements meurtriers.
Je vous l’accorde : quand vous avez écrit votre "objection" à mon encontre, vous n’aviez pas lu ma "contribution à la réflexion" envoyée, je vous le redis, dès mercredi à toute la presse. Sans doute, vous qui vous situez parmi les 100% d’usagers qui, selon vous, ont plébiscité la réouverture de la route du littoral, saurez-vous vous montrer aujourd’hui un peu moins définitif vis-à-vis de moi, même si je me situe parmi la petite minorité qui continue à penser qu’il y a "un intérêt général qui s’impose déjà" et qui ne caresse pas la tendance dans le sens du poil.
Au prochain éboulis, cher Monsieur Marcel Lenormand, on en reparlera. Peut-être mangerez-vous alors vous aussi votre chapeau... La cause ne sera pas, pour autant, entendue.

Raymond Lauret


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