Combien encore de Fabiola ?...

15 septembre 2006

L’actualité tragique de ces derniers jours a malheureusement donné raison, une fois de plus, à une de mes amies, qui m’a toujours assuré que face à un conjoint violent et malade psychologiquement, la justice française n’y pouvait rien. Malgré mes conseils et mes encouragements, pour dénoncer ces pratiques de violences conjugales, elle m’a toujours affirmé qu’il ne fallait faire confiance qu’à soi-même. Et je dois tristement reconnaître que si elle est toujours en vie aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’elle n’a pas suivi mes conseils, et ses enfants et moi-même avons cette chance de l’avoir toujours à nos côtés.
Une autre de mes amies n’a pas connu cette chance : voulant reprendre sa liberté, son époux a voulu la “punir” et a tué leurs deux enfants avant de se donner la mort. Qui d’entre nous, dans son environnement, n’a pas connaissance de ces misères, sinon il suffit de lire quotidiennement les faits divers ! C’est dire si cette cause des violences faites aux femmes nous interpelle et nous remue au plus profond de nous-mêmes.
Il ne faut jamais prendre à la légère les paroles d’un compagnon jaloux et éconduit et la justice doit prendre des mesures efficaces. Malheureusement, nous ne pouvons que constater que la réponse apportée n’est pas toujours appropriée puisque les violences continuent et débouchent trop souvent sur l’irréparable. Oui Monsieur le Procureur, une société sans risques est impossible. En effet, notre vie peut s’arrêter d’un moment à l’autre pour des tas de raisons imprévisibles (accidents, catastrophes naturelles, maladies...), mais je ne veux pas croire que vivre avec son compagnon, choisi un jour, et avec qui nous avons des enfants, comporte un risque d’assassinat potentiel.
NON, ne dites plus cela c’est choquant ! Ensemble travaillons plutôt pour que femmes comme hommes soient libres dans un profond respect de chacun et responsables de nos décisions, que nous puissions assumer nos choix, même quand ils sont difficiles ! Oui, à l’accélération des procédures d’expulsion du domicile conjugal de l’agresseur. Oui, pour abréger le parcours de combattante de la victime. Oui, pour amplifier l’écoute avec le 115... Toutes ces mesures doivent être encouragées, mais il faut aller plus loin. Il y a urgence ! En effet, dans notre société réunionnaise, tout le monde s’accorde à dire que la femme est le pilier. Or, si la mère souffre ou disparaît, ce sont les enfants qui trinquent et du même coup le développement durable de notre pays est compromis : échec scolaire, troubles psychologiques, alcoolisme, drogues, délinquances, spirale de violences... Cela ne concerne pas seulement la case familiale !
OUI, je me mobiliserai donc, avec le PCR et au côté de notre député Huguette Bello, pour une loi cadre qui permette de traiter cette dramatique problématique des violences faites aux femmes mais aussi aux enfants, dans son ensemble. Sur ces aspects, social, humain, éducatif, psychologique et pas seulement apporter des réponses répressives car on en voit bien les limites. Il s’agit d’une réelle volonté politique d’agir pour que les femmes ne soient plus, comme le dit douloureusement mon amie citée plus haut, "saignées comme des poules".

Marie-Pierre Hoarau
Membre de la Commission départementale d’action contre les violences faites aux femmes


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