Comme avec “la wii-mote” et les télécommandes

21 février 2007

Ainsi donc, 79% des Français pensent aujourd’hui que la Présidentielle n’est « pas jouée ». Autrement dit qu’il faut se méfier des sondages qui disent que, grosso modo, au second tour, ce sera 55% pour Nicolas Sarkozy et 45% pour Ségolène Royal. Rien n’est moins sûr parce que, disent-ils, « beaucoup de choses peuvent se passer d’ici le 22 avril prochain, date du 1er tour ». Quatre français sur cinq : cela fait beaucoup... même si c’est un sondage !

On a aussi envie de se dire que de nombreux électeurs de là-bas sont en train de prendre conscience que le savant “travail” qui a abouti dans les médias à propulser dans nos imaginations et en haut du classement deux candidats parmi tous les autres commence à être pris pour ce qu’il est : une extraordinaire mystification qui a pu se glisser dans les traits d’une réalité qui doit s’imposer à nous tous. A droite comme à gauche, des observateurs voire même des responsables de premier plan comme Michel Rocard, l’ont dit : les médias ont imposé à la classe politique leur calendrier, leurs thèmes et leurs candidats. Et maintenant, ils cherchent à annoncer qui sera le vainqueur. Et c’est tellement bien suivi par les instituts de sondage que l’on se prend à y croire.

L’autre dimanche, quelque part dans les hauts de Saint-Paul, j’ai assisté à plusieurs parties de tennis particulièrement disputées. Les adversaires se tenaient tous dans une pièce sur moins de 20 m2, devant un poste de télé, une télécommande à la main. Une drôle de télécommande, car se maniant en mimant le geste du tennisman qui fait un service, smashe, rattrape une balle perdue, tape trop fort ou trop mollement etc... Le summum de la mystification est atteint quand le joueur emprunte les mêmes gestes, a le même rythme respiratoire que s’il avait été, non pas avec une manette, mais avec sa raquette à la main et qu’il sue. Comme avec les fameux sondages, on se serait cru sur un court, dans une de ces parties follement engagées et où battre son vis-à-vis vous procure joie et satisfaction. Me croirez-vous : j’ai disputé une partie de golf, la première de ma vie, sans doute la seule. A la “wii-mote” et avec ma télécommande, j’ai été plus qu’honorable !

Comme avec la “wii-mote” et leurs télécommandes qui nous font prendre un bout de pièce de notre maison pour un terrain de tennis ou un green à 18 trous, les sondages nous éloignent sans doute de la réalité des intentions finales des électeurs.

Sauf que la multiplication des candidatures dans ce qu’il est convenu d’appeler encore la gauche, outre qu’elle démontre qu’il y a là un dérèglement dans l’instinct de discipline pourtant nécessaire si on veut “exister” et sortir renforcé de toute élection, pousse les électeurs à chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent plus dans leurs familles naturelles. Pour aller où ? Chez nous, à La Réunion, Dieu merci, le problème est posé autrement : c’est nous qui dictons les règles du jeu.

Mais revenons à la situation de là-bas.

Dans quelques semaines, quand le couperet des 500 parrainages aura écarté encore quelques-uns des prétendants, on y verra peut-être plus clair.

Pour l’heure, on écoute les uns et les autres promettre de belles réformes et parfois la lune. Pour, croient-ils, mieux séduire le peuple, lequel n’y croit pas forcément et s’interroge à 79%.

Et si la timbale était au final décrochée par celui ou celle des candidats qui promet le moins ? Quelle claque alors pour ces médias dont quatre Français sur cinq pensent que, en fin de compte, ils se sont bien amusés !

Raymond Lauret


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