La visite de Nicolas Sarkozy dans notre île a sans doute (très largement) confirmé que l’homme a une forte capacité de séduction. A-t-il celle de faire oublier ses propos lancés il y a quelques mois encore, quand il n’était pas encore LE candidat certain et unique de son parti ?
Sa visite a aussi confirmé qu’il sait évoluer et que, devant l’évidence quand il la découvre enfin, il n’hésite pas alors à faire le pas qui rapprocherait les uns des autres et à tenir les propos qui élargissent les horizons d’une classe politique trop majoritairement, hélas, enlisée dans des ambitions personnelles aveuglantes ou dans la certitude que son camp (son clan) est le seul qui vaille. Dès lors, faut-il lui attribuer le mérite de sa transformation et oublier qu’il la doit sûrement à l’image et au poids de ceux (de celui) qu’il a pu rencontrer sur le chemin des Ministères de la République, sa finesse d’esprit étant particulièrement en éveil ?
Et puis, mais cela ne me regarde pas ou si peu, combien de temps ses troupes réunies pour l’accueillir et l’applaudir, voire l’idolâtrer, resteront-elles unies quand l’heure viendra, après le triomphe du chef, de se partager les sièges autour du trône ?
J’en étais là de mes réflexions, tout en observant, c’était jeudi, dans “l’hémicycle Pierre Lagourgue”, Paul Fotsé et Michel Tamaya, mes collègues conseillers régionaux, venus, parce que c’est une belle tradition républicaine, écouter un Ministre de la France qui, au nom de l’État, signait avec le Président de la Région dont ils sont eux aussi les élus une importante convention.
Je les observais, et me disais qu’ils n’ont sans doute rien à voir avec certains de leurs camarades. Je les devinais tiraillés mais courageux, car refusant l’obscurantisme qui est le propre des sectaires et des prétentieux. Ils entendaient rester ce qu’ils sont et n’applaudiront pas le discours du Ministre dont ils savent qu’il est aussi, est surtout, un sérieux candidat contre la leur dans la bataille pour l’Élysée. Je n’arrive pas à le leur reprocher et je n’ai pas à le faire. C’est normal. Comme il était normal qu’ils soient présents, comme pour montrer que Ségolène Royal, ce n’est pas que les autres, que Ségolène Royal c’est un peu eux aussi.
Et puis, je les ai vus : quand le Ministre est arrivé dans la salle, ils se sont levés. Comme cela se fait quand un Ministre de la République visite une institution de la République. Ils ont eu l’intelligence et le civisme qui conviennent. Rien à voir avec Cyrille Hamilcaro alors conseiller régional élu en 1998 au titre de La Relève, et qui resta ostensiblement assis lorsque Lionel Jospin, alors Premier Ministre de la France, entra, c’était il y a 5 ou 10 ans, dans le même hémicycle. Tous les autres conseillers s’étaient levés, comme il se doit...

Raymond Lauret