M.C.U.R.

Construire, re-construire : la grand œuvre est en marche

19 septembre 2006

Après les deux temps forts marqués par l’approbation du programme général du projet de construction de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, puis celle du Projet Scientifique et Culturel en mars 2006, a été franchie le 28 août dernier à l’Hôtel de Région une nouvelle étape dans la réalisation de la MCUR : la première réunion du jury international de maîtrise d’œuvre.
Conformément aux dispositions légales en vigueur, ce jury réunissait, autour des conseillers régionaux membres élus de la Commission d’Appel d’Offres, trois responsables locaux (le Directeur Régional de l’Action Culturelle, le Maire de Saint-Paul, l’architecte des Bâtiments de France), ainsi qu’un certain nombre de personnalités nationales et internationales : le directeur du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le directeur du Museum of History and Culture of Zanzibar and the Swahili Coast, trois architectes venus de Métropole, un autre originaire d’Afrique du Sud.
Cette composition traduit déjà, par sa diversité et sa richesse, l’importance des enjeux d’une telle opération, et témoigne du haut niveau d’exigence qui a présidé à la sélection des concepteurs admis à concourir (ce qui était l’objet de la réunion du 28 août), et qui dans quelques mois marquera le choix du projet architectural définitivement retenu.
Il faut savoir que si chaque équipe concourait sous le nom d’un chef de file désigné comme l’“architecte mandataire”, elle était en fait tenue de présenter des compétences reconnues non seulement en architecture mais également dans des domaines aussi divers que la thermique, l’énergétique, la muséographie, l’acoustique, la scénographie, les éclairages naturels et artificiels, l’environnement et le paysage, la maintenance etc...
Malgré cette extrême technicité du projet à concevoir (ou peut-être à cause d’elle), ce sont quarante-neuf équipes qui ont répondu à l’avis d’appel public à la concurrence lancé par la Région le 24 avril. Nouvelle preuve du profond intérêt que la MCUR suscite tant au plan national qu’international, ces candidatures provenaient de tous les horizons de la planète, des écoles architecturale les plus prestigieuses, tant au plan national qu’international : de La Réunion et de France, bien entendu, mais aussi de divers pays d’Europe (Allemagne, Autriche, Royaume-Uni, Italie), d’Inde, des USA, du Japon et d’Afrique du Sud.
Devant une telle profusion de compétences et de talents, les choix, on s’en doute, n’ont pas été des plus faciles, d’autant que dans le cadre de la procédure d’“appel d’offres restreint”, le jury était tenu à la présélection d’un nombre d’équipes compris entre trois et cinq. Le choix s’opérait principalement sur les références fournies par les dossiers des candidats, c’est-à-dire sur les réalisations (passées ou en cours) dont ils pouvaient faire état à La Réunion, en France ou dans le monde. Et l’on peut dire que c’est à un véritable voyage au pays des merveilles qu’ont été conviés les membres du jury. Citons à simple titre d’exemples le Département des Arts de l’Islam (au Louvre), le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (à Marseille), les Médiathèques de Lisieux ou de Troyes, le Musée de la Préhistoire de Jeongkong (Corée du Sud), le Grand Théâtre de Changking (Chine) le Centre Culturel et Commercial Haïtien de Miami (Floride) ou encore le Musée National de l’Esclavage (en Virginie)...
Tout au long de cette journée du 28 août, il nous aura fallu, on s’en doute, bien des précisions, bien des explications relatives à l’agencement fonctionnel des unités architecturales, aux similitudes et aux différences que chacune de ces réalisations présentait par rapport au projet MCUR, bien des éclaircissements relatifs aux domaines technique, fonctionnel, muséographique, scénographique (obligeamment apportées par nos hôtes nationaux ou étrangers) pour que nous puissions ainsi arrêter le choix de ceux que nous avons jugés être, relativement aux caractéristique du projet de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, les cinq "meilleurs parmi les meilleurs" : deux équipes françaises, deux autrichiennes et une américaine. Chacune de ces équipes comprend en son sein au moins un associé exerçant à La Réunion et ayant sur place un certain nombre de références.
La procédure prévoit maintenant que soient invitées à La Réunion les cinq équipes retenues (ensemble, de manière à garantir l’égalité de traitement des candidats), ce qui permettra à tous leurs membres de s’imprégner du site - magnifique - de Plateau Caillou, en surplomb de l’océan, face à la baie de Saint-Paul, en bordure de la route des Tamarins. Sur un terrain d’une surface totale de 22 hectares, la MCUR s’organisera en un ensemble d’unités fonctionnelles de 9294 m2 de surface utile totale, auquel s’ajouteront 18 635 m2 de surfaces extérieures (stationnement, aménagements paysagers etc...). À l’occasion de cette visite, les équipes pourront recevoir du maître d’ouvrage et de ses services techniques toutes les explications supplémentaires dont elles pourraient avoir besoin. Ensuite de quoi chacun entrera dans la phase active de création, avec obligation de rendre son projet d’ici trois à quatre mois.
Viendra alors, dans le courant du premier trimestre 2007, la phase définitive du choix, à coup sûr la plus exaltante mais aussi la plus difficile, pour laquelle le jury, dans sa composition ci-dessus, sera appelé à se réunir à nouveau. Il nous faudra mesurer en quoi chaque projet aura pris en compte cet objectif essentiel, rappelé en préface du Projet Scientifique et Culturel : faire de la MCUR "le lieu où toutes les origines sont partagées, où toutes les mémoires sont mises en commun, où les différences culturelles construisent la dynamique de l’unité".

Raymond Mollard


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