Corruption, pollution et mondialisation...

15 septembre 2005

C’était ce mardi 13, au Centre d’Exposition de Pazhou où se tient donc la Foire de Canton. Après un passage au stand de notre île qui, comme je vous l’ai dit précédemment, n’a laissé personne indifférent parmi les milliers de visiteurs qui y sont passés, j’avais choisi d’assister à une des tables rondes que le salon proposait. Il s’agissait de réfléchir à partir de témoignages de chefs d’entreprises françaises qui investissent en Chine dans les domaines de l’énergie, du transport, des infrastructures, de l’automobile...
Premier constat : peu de participants. Nous étions à peine une vingtaine dont six intervenants.
Second constat : il n’y avait que des Français dans la salle. Ce qui a autorisé l’un des chefs d’entreprises venu témoigner, en réponse à une question sur le niveau de corruption dans l’économie chinoise, de déclarer qu’il pouvait affirmer que, "dans ce registre, ça y va fort". Réplique polie mais ferme d’un autre chef d’entreprise : "N’exagérons pas !" Et d’expliquer qu’il avait par exemple, fait l’objet d’une demande de la part d’un responsable politique pour que soient embauchés deux membres de sa famille et une autre personne.
"Je puis témoigner, poursuivit ce chef d’entreprise, que le responsable politique en question faisait de la qualité du travail des gens embauchés une affaire de principe et donc d’honneur. D’ailleurs, l’un de ces derniers, le propre jeune frère du responsable, a été licencié sans que cette mesure ne nous ait été reprochée..."
Moralité : il y a sûrement des corrompus en Chine, mais tous les chefs d’entreprises en France seraient-ils, eux aussi, des tristes corrupteurs ?
Troisième constat : un autre intervenant, “Chief Operating Officer” de la société “Technip” de Shanghai, expliquait très clairement le gigantisme des unités industrielles que réalise la Chine pour satisfaire ses besoins. Raffineries de pétrole : toutes les unités construites font de 10 à 12 millions de tonnes. En Europe, on en a que 2 et en France une seule de cette importance ! Polypropylène : une unité haut de gamme en France, c’est 20.000 tonnes. En Chine, cela donne 600.000 tonnes. Trente fois plus ! À la fin de la table ronde, j’interrogeais le conférencier. "En définitive, lui dis-je, vous transférez en Chine les unités de production qui polluaient l’Europe. Vous profitez du coup dérisoire de la main d’œuvre chinoise et vous revendez dans le monde des produits finis avec de bien confortables marges."
Mon interlocuteur admit que mon interprétation pouvait tenir la route. Mais rajouta aussitôt : "La Chine en profite aussi pour réduire ses volumes d’importation. Et puis, question pollution, quand on produit 100 kilos par habitant et par an en Amérique et 80 en Europe, on est à moins de 10 kilos en Chine !".
Je pensais alors au Maire de Chongming et je me réjouissais de son projet de réaliser d’ici à 2020 une “île écologique”, vitrine d’une Chine qui ne veut pas participer à la pollution de la planète, contrairement à ceux qui ont refusé de signer les accords de Kyoto, au motif que, nous rapporte l’astrophysicien Hubert Reeves, selon Al Gore, ex vice-président des USA, à son ex-président Bill Clinton, "le minimum requis pour sauver la planète est bien supérieur au maximum possible pour ne pas perdre les élections prochaines".

R. Lauret


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