Crypto-communiste

21 mars 2006

Lorsque ce fut dit et que, grandis devant l’Histoire et dans l’hémicycle qui venaient de partager leurs propos, Jean-Louis Debré et Paul Vergès se levèrent pour se serrer longuement la main, mon ami s’approcha, me salua et me proposa d’écouter ce qui lui revenait à l’esprit.
C’était à la fin des années 1960. Il avait 23 ans, une épouse et un bébé de 18 mois. Il aurait pu faire des études supérieures. Cela aurait donné à notre île un autre ingénieur agronome. Il avait droit à la bourse nationale : c’était la règle. Mais l’enquête de moralité des R.G. révéla que son père avait été mandataire de Léon de Lépervanche à Trois-Bassins aux élections législatives d’octobre 1945. Pour cela, 24 ans plus tard, il était catalogué “crypto-communiste”... Conséquence : pour la bourse nationale, c’était "non", définitivement "non"...
Longtemps, il vécut avec l’idée que les services que Michel Debré avait mis en place à l’époque avaient fait ce qu’on leur demandait : du zèle, beaucoup de zèle pour que, par n’importe quel moyen, "l’ennemi", même celui qu’il faut imaginer, ne passe pas.
Longtemps, il en fit une fixation. Et puis, avec le temps, petit à petit, ses silencieuses certitudes s’estompèrent.
Ce samedi, Paul Vergès et Jean-Louis Debré lui ont permis de faire son deuil de ce temps de sa vie, quand il avait 23 ans, une épouse et un bébé de 18 mois et que, 24 ans auparavant, son père, à la manière de tout homme de bon sens, faisait un tout petit peu avancer la belle bataille dont on célébrait ce 19 mars 2006 la portée fédératrice et l’ambition d’avenir.

R. Lauret


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