D’ici à ce qu’il faille annuler le 29 mai !

17 mars 2005

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À quelque dix semaines de la date officiellement déjà arrêtée pour le vote sur le projet de Constitution européenne, la mise en demeure, ce mardi 15 mars, faite par Jacques Chirac à la Commission européenne de "revoir complètement tout le dispositif lié à la libération des services", dispositif qui est basé, comme on le sait, sur "le principe du pays d’origine", cette mise en demeure fait vraiment désordre. Car de deux choses l’une :
Soit le président de la République, l’UMP, 52% du PS et les autres partisans du “oui”, qui sont censés avoir bien lu le projet en question puisqu’ils l’ont approuvé, savaient parfaitement que le dit projet, rédigé par l’ancien commissaire néerlandais Frederik Bolkestein, permet à un prestataire de services d’exiger et d’obtenir, le plus légalement du monde, que la Loi qui prévaut dans son pays d’origine soit appliquée dans n’importe quel État de l’Union européenne. Autrement dit que les salaires, pour prendre cet exemple, qui sont en rigueur en Slovénie, soient appliqués en Italie, en Espagne, en Grèce... ou en France, c’est-à-dire dans les DOM et à La Réunion. Adieu donc aux acquis sociaux, bienvenue à la délocalisation à tour de bras des outils de production et des sièges sociaux des entreprises vers les pays de l’Union qui ne disposent pas des niveaux que les luttes des travailleurs des pays occidentaux ont permis d’arracher. Ils savaient donc. Et malgré tout, ils ont appelé à voter “oui”. Alors, c’est grave et il est normal que de plus en plus de gens aient envie de voter “non”.
Soit, et ce serait plus grave encore, ils savaient, ils sont pour et se foutaient donc des conséquences négatives que cela signifie pour les travailleurs. Mais ils constatent que le “non” refait, comme on dit, son retard. Pour prendre un langage du sportif, c’est l’image du sprinter qui, dans la dernière ligne droite, libère ses énergies accumulées et double tous ceux qui avaient quelques mètres d’avance. Alors, on met en demeure, on proteste contre ce que l’on avait considéré comme normal et donc acceptable, c’est-à-dire comme défendable dans ”une marmite” qui n’est pas si convenable que ça.
L’ennui, redisons le, c’est que l’on a déjà fixé officiellement la date de convocation des électeurs et des électrices. L’ennui, c’est qu’on a déjà convoqué le Parlement sur la question. L’ennui, c’est qu’on a déjà lancé risqué la campagne et que même Nicolas Sarkozy s’y est risqué.
On peut sans grande peine imaginer que les Renseignements Généraux ont fait remonter des données qui ne sont plus aujourd’hui de vagues tendances. Patatras...
Vite, il faut vite réagir. Et pourquoi pas, envisager d’annuler la convocation pour le 29 Mai prochain...

R. Lauret


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