Daniel Lallemand, Alain Bénard et moi...

13 janvier 2005

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Je n’en fais pas mystère : j’apprécie ce qu’écrit Daniel Lallemand. J’apprécie d’autant plus que je n’ignore rien des qualités morales de ce camarade qui eut, en son temps, à subir l’Ordonnance d’octobre 1960, cette “loi” scélérate qui, rappelons-le, rejetait hors de La Réunion "tout fonctionnaire dont le comportement est de nature à troubler l’ordre public". Il en fut victime, uniquement parce qu’il était membre d’un parti politique dont Michel Debré, personnage influent de la République d’alors, avait décrété qu’il tirait ses ordres de Moscou, de Pékin ou de la place du Colonel-Fabien !
J’apprécie donc Daniel Lallemand et, parce que c’est ainsi, j’aimerais lui faire part de mon désaccord quant "au malaise qu’il ressent, lui communiste, devant la tribune libre du maire de Saint-Paul", tribune libre dans laquelle, je le soulignais hier dans mon billet quotidien, Alain Bénard stigmatise "l’indécence des systèmes boursiers qui prospèrent sans jamais faire œuvre ni de responsabilité, ni de solidarité".
Le malaise de Daniel vient, dit-il, du fait que "Alain Bénard et ses amis politiques sont les soutiens inconditionnels d’un gouvernement qui, à peine arrivé au pouvoir en 2001, n’a rien eu de plus pressé que de décider une baisse de l’impôt sur le revenu payé par la moitié la plus riche des Français..."
Mon désaccord tient au fait qu’il nous faut apprécier que des gens qui peuvent être de droite ou de gauche - pour diverses raisons qui leur sont propres - se rejoignent sur des aspects essentiels de la vie économique, sociale et politique.
Il est bon que certains - même, et surtout, si j’en fais partie - n’aient pas le monopole des idées de solidarité, de cette solidarité qui, portée à l’échelle de notre planète, débouche aujourd’hui sur cet "appel de plus en plus largement partagé et entendu" dont j’ai fait l’axe de ma rubrique d’hier.
Paul Vergès et une délégation du Conseil régional de notre île sont allés à l’Ile Maurice joindre leurs voix à l’exigence de bon sens criée par les petits États insulaires de la planète.
Cette exigence pose "l’indécence des systèmes boursiers qui prospèrent sans jamais faire œuvre ni de responsabilité, ni de solidarité".
Certains se disent de droite... d’autres de gauche. Et alors ? Ne pouvons-nous pas, ensemble, faire avancer les bonnes causes ? N’en avons-nous pas le devoir ?
Et, mieux encore, si des prises de position qui se rejoignent sur l’essentiel pouvaient faire exploser ces “ensembles” qui se constituent sur la base de malentendus idéologiques, qui s’en plaindrait ? Il y en a qui se prétendent de gauche. Qu’ont-ils de commun avec un Paul Vergès qui a toujours voulu construire le Rassemblement des Réunionnais désireux de se battre pour leur pays ? Qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre, pourvu qu’ils soient pour la justice sociale et le développement.
Bon... je comprends que Daniel Lallemand demande à Alain Bénard davantage de signes... C’est de bonne guerre... Mais, de grâce, ne faisons pas de celui qui se rapproche de nous un indécrottable réactionnaire.
Alain Bénard peut rester de droite. J’apprécierais si je devais un jour défiler à ses côtés sous la même bannière de la solidarité dans la responsabilité. Et ce jour-là, je ne dirai pas que c’est lui qui a changé. J’apprécierai, un point, c’est tout...

R. Lauret


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