Dans l’excellent petit ouvrage que Marcel Dijoux m’a offert...

19 septembre 2005

Dans le Boeing 757-200 de la “China Southern Airlines” qui fait en à peine une heure le trajet Canton-Hong Kong, ce jeudi 15 septembre, je peux mesurer, s’il en était encore besoin, l’extraordinaire niveau d’industrialisation auquel le géant asiatique est aujourd’hui arrivé. Les 2 hublots dont je dispose sont un écran sur lequel défilent 10 ans, peut-être moins, de retards rattrapés avec la participation on ne peut plus intéressée des grandes multinationales qui y ont délocalisé à l’envie.
Je ne me laisserai pas entraîner dans l’explication selon laquelle "tout cela vise à satisfaire les besoins de la Chine". Beaucoup de “tout cela”, oui, assurément et c’est normal. Serait-il anormal que le pays que dirige le président Hu Jinta veuille améliorer le sort de sa population ? Elle en a tellement bavé ! Mais une part non négligeable du “tout cela”, part énorme vu l’échelle des grandeurs dont il est question en Chine, sans doute la plus grande, repart vers les pays riches où son prix de revient passablement bas du fait du coût de la main-d’œuvre et de celui du niveau de vie chinois, permet de supers bénéfices, les risques de pollution en moins, évidemment ! Mais la Chine a besoin de rattraper son retard. Et elle le fait, c’est le moins qu’on puisse dire.
L’hypocrisie - il n’y a pas d’autres mots - de ceux que la concurrence de la Chine inquiète, les amène à reprocher à Pékin de ne pouvoir lutter à armes égales. Oui, il n’y a pas ici à utiliser d’autres mots que hypocrisie. Car sont-ils qualifiés à donner aux Chinois des leçons de morale, ceux-là mêmes qui ont derrière eux des dizaines et des dizaines d’années de pillage sans partage de toute la planète ?
Dans l’excellent petit ouvrage que mon ami Marcel Dijoux a eu la bonne idée de m’offrir avant que je parte pour la Chine, l’astrophysicien Hubert Reeves rappelle que "depuis quelques siècles, avec la colonisation de nouveaux territoires par les puissances européennes et le développement des techniques d’exploitation forestière, la déforestation prend une ampleur beaucoup plus considérable...". Et il poursuit : "On estime aujourd’hui que plus de la moitié du manteau forestier de notre planète a disparu depuis l’avènement de l’agriculture". Et je ne résiste pas au besoin de citer à nouveau l’Américain Al Gore disant à son ex-président Bill Clinton : "Le minimum requis pour sauver la planète est bien supérieur au maximum possible pour ne pas perdre les prochaines élections".
Marie-Jeanne Han Huen Chong, de la Fédération des Associations chinoises de La Réunion, se plaisait à relever que, selon des industriels français présents en Chine, cette dernière leur impose le respect des normes de sécurité du plus haut niveau pour toutes constructions et usines réalisées. Tiens...
Hubert Reeves cite la Chine et l’Espagne parmi les rares pays où "des plans de reforestation sont en cours". Des plans significatifs par leur ampleur. Et puis, je n’oublie pas ce que j’ai écrit ici même : un maire d’arrondissement d’une grande ville chinoise, celui de l’île de Chongming, s’est donné 15 ans pour en faire une "île écologique". Et qu’il choisisse de cibler les énergies renouvelables comme priorité d’une coopération avec notre île après qu’ait été lancé depuis plus d’un an un travail de fond au niveau de la formation d’éducateurs et de jeunes footballeurs, n’est-ce pas là des signes encourageants ?
J’ai beaucoup pensé, ces jours derniers, à M. Alain Peyrefitte, ancien ministre du Général De Gaulle et académicien. Il avait, il y a plusieurs dizaines d’années, consacré un gros ouvrage à “Quand la Chine s’éveillera...”. Il en écrivit un second quelques années avant de mourir : “La Chine s’est réveillée !”
Effectivement, elle s’est réveillée. Et nous, nous rêvons...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus