Dans notre monde où tout ce qui fait vendre s’achète à bon prix...

17 septembre 2007

Qui du Rugby ou des rugbymen aura finalement le mieux pesé pour faire en sorte que ce « sport de voyous pratiqué par des gentlemen » soit désormais entré dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde du « sport business » ?
Car, le doute n’est plus permis : au royaume du ballon ovale, on est bel et bien sur les traces du maître football. Et si le Rugby ne s’est pas encore hissé au niveau des plus percutants lorsqu’il s’agit de causer « des sonnantes et des trébuchantes », l’élève qu’il est annonce actuellement la couleur.
Il y a tout d’abord la nomination de Bernard Laporte, encore sélectionneur du XV de France jusqu’au 20 octobre prochain, comme Secrétaire d’État aux Sports. Cette nomination a mis en exergue les contrats particulièrement juteux qui lient le patron du Rugby français à de nombreuses marques industrielles et commerciales et qui lui rapportent environ 1 million d’euros par an. Rien à voir avec les (quelque) 7.500 euros de salaire mensuel que lui verse le Fédération Française du Rugby.
Pour un “Laporte” sur lequel tout (ou presque) aura été révélé, combien d’autres ont su faire prospérer l’image qu’ils se sont forgée grâce une carrière qui les a sortis de l’anonymat ? Dans notre monde où tout ce qui fait vendre s’achète à bon prix, faut-il s’en étonner ? Et pourquoi s’en étonnerait-on alors que cela paraît tellement normal quand il s’agit de Cyclisme, de Football, de Formule 1, de Boxe, pour ne citer que ceux - là ?
Il y a ensuite l’extraordinaire engouement que connaissent actuellement « tous les rugbys du monde ». Il y a Paris et la France bien sûr qui se sont mis aux couleurs et au son de l’ovalie. Il y a aussi les autres peuples des autres nations présentes au Mondial et qui, dans les proportions moindre que pour le Foot, certes, mais néanmoins jamais atteinte, à l’exception de la Nouvelle Zélande, vibrent pour une mode dont les télévisions vantent les vertus.
Le Rugby est aujourd’hui devenu un produit (et un sport) à grand spectacle dont on peut fièrement sortir de nos bibliothèques les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés par de respectables Maîtres en sociologie. Bien sûr que de cette Coupe du Monde commence une ère nouvelle pour le Rugby.
Enfin, deux chiffres. Le premier, 1.500.000 euros de bénéfices dégagés en 1987 et le second, 133.000.000 d’euros (88 fois plus) de résultats attendus pour l’édition 2007 de la Coupe du Monde de Rugby.
D’où une attention particulièrement revigorée de la part de l’International Rugby Board (IRB), cette dernière voyant bien que la voie est désormais ouverte... Zinédine Zidane n’a-t-il pas fait sensation en venant à Marseille se fondre, au nom de “l’image” (et des contrats qui vont avec), dans la légende des All Blacks ?
La Rugby n’est plus - il faut se faire une raison - ce magnifique « sport de voyous ». Il est bel et bien rentré dans les rangs du sport business. Toujours pratiqué par des gentlemen ?
Il est à craindre que, dans dix ans, avec nostalgie, on se posera la question...

Raymond Lauret


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