Dans un mouvement que l’on peut qualifier d’exemplaire

4 janvier 2006

Il me semblait intéressant d’évoquer avec Jean-Marie Lebouvellec, le président de la FRBTP (Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics), l’état d’esprit de quelqu’un qui s’est impliqué largement dans ce qu’il est convenu d’appeler la phase préparatoire du chantier de La Route des Tamarins. Ce que j’ai fait hier...
À l’époque où la dimension extraordinaire de l’entreprise effrayait certains, faisait redouter à d’autres l’invasion de notre île par les grands groupes mondiaux avec leurs engins gigantesques et leurs mains d’œuvre importées, Jean-Marie Lebouvellec sut s’impliquer avec les services et le président du Conseil régional pour que l’anticipation soit de mise.
Il fallut tout d’abord miser sur le bon sens dont les uns et les autres sauraient faire preuve. Avec la Formation professionnelle, la CCIR et quelques autres institutions, tous les corps de métiers qu’un tel chantier exigeait furent passés en revue.
C’est ainsi que, dans un mouvement que l’on peut qualifier d’exemplaire, plus de 300 simples ouvriers ou seulement apprentis furent orientés vers des points de formation hautement spécialisée en France. Plusieurs dizaines de ces personnes seront embauchées par les entreprises qui les avaient eues en... formation. Les autres rentrèrent et ont, pour la plupart d’entre elles, trouvé emploi sur la Route des Tamarins.
Par ailleurs, la FRBTP s’attacha pleinement à imaginer la meilleure politique d’allotissements qui pouvait être mise en place sur un tel chantier. Sans morceler les travaux en de petits lots qui auraient provoqué l’échec de l’ensemble, il s’agissait de bien “sentir la division de travail”, question de favoriser l’implication des entreprises réunionnaises dans la réalisation de ce qui manquera à notre île dans le domaine des travaux routiers. Là aussi, tout le monde a joué le jeu et, pour Jean-Marie Lebourvellec, le sentiment général qui peut se dégager, c’est que la concurrence a été ouverte et le coût du chantier s’en est trouvé relativement bien traité.
La Route des Tamarins fait aujourd’hui partie de notre paysage et de nos conversations. Certains avaient espéré qu’elle soit rejetée et que tout se passe sinon mal, du moins avec moult problèmes. Les problèmes de la Route des Tamarins sont ceux de tout chantier conséquent. Sans plus, serions-nous tentés de dire, même si elle nécessite sans doute une attention particulière de la part de tous.
En fait, aujourd’hui, un problème, grave si on ne prend pas les devant, se pose déjà : comment réaliser la continuité d’une politique de grands travaux qui ne fasse pas perdre à La Réunion le formidable investissement humain qui a été mis en œuvre ? Tous ces hommes qui “savent faire”, parce qu’ils ont eu à réaliser quelque chose d’exceptionnel, vont-ils être condamnés à pointer demain au chômage ou vont-ils devoir s’expatrier pour trouver ouvrages à la dimension de leur savoir-faire ?
Vous en conviendrez : ce genre de questionnement est d’un tout autre niveau et vaut mieux que les chimères que ceux qui, n’ayant rien à proposer, aiment bien en chercher, histoire de s’occuper et de faire du vent...
J’évoquais tout cela hier avec Jean-Marie Lebourvellec. Un moment utile et fort agréable...

R. Lauret


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