Dans un parc à bœufs...

14 août 2006

Nous étions plusieurs dizaines. Dans le parc à bœufs où le maître des lieux avait disposé quelques tables, nous pouvions constater que les nuits salinoises ne manquent pas de fraîcheur.
Invité par Yves Zoggones, le directeur de l’A.R.E.P. (Association Réunionnaise d’Education Populaire), je mesurais que j’avais bien de la chance d’être ici ce samedi. La présence de deux prêtres - Jeannick Fontaine et Stéphane Nicaise - donnait manifestement au moment une dimension particulière : dans une étable où tout était rudimentaire et où nulle cravate ou tenue de soirée n’avaient été conviées, dans ce coin qui sentait bon le bourrin, la crotte de cabris et la terre du bon Dieu, nous parlions de choses simples. Nous parlions de la vie des petites gens, de la vie "des gens de peu" comme l’a dit Pierre Santot quand il s’est agi pour lui de prendre en considération les lieux, les temps de travail et de réflexion au cours desquels "une authentique culture populaire se perpétuait", quand, dans "un certain mélange de modestie et de fierté, par un goût commun pour les bonheurs simples", les traits d’une catégorie sociale pouvaient se rapprocher, car se sentant proches.
Ce samedi 12 août donc, peu après 18 heures, chez Nathalie et Guyto Crescence, chemin de Ligne, à deux pas de la Ferme-musée où habitent notre ami Marc Kichenapanaïdou et sa petite famille, au cœur de l’Association “Accueil Paysan Réunion”, l’AREP recevait une délégation de l’“Association Tourisme vert” de l’île Rodrigues.
Membre de ce regroupement dont le Commissaire René Clair, en visite au Conseil Régional, m’avait parlé, il y a quelques années, Antoinette Jolicœur, nous rappela que, pour eux, tout a commencé en 1987 avec la visite à Rodrigues d’Emmanuel Miguet et du Père Maurice Piat. Les similitudes entre nos deux îles ne pouvaient pas ne pas déboucher sur l’envie de mieux cerner nos potentiels communs en matière de "tourisme chez l’habitant".
Dans le cadre de ce “libres propos”, nous resterons à l’essentiel.
Et l’essentiel, c’est que nos amis rodriguais nous aient dit qu’ils tiennent pour capital le stage que le Réunionnais Bernard Apaya a animé chez eux... autour d’un cochon. "C’est fou tout ce que l’on peut retirer d’un cochon, confessa non sans émotion le Père Jeannick Fontaine, En découvrant d’où venaient le jambon, le fromage de tête, le boudin, la salade de museau et tout simplement le carri, les Rodriguais n’en sont pas revenus."
J’eus la réflexion facilitée : et si la coopération entre nos îles de l’Océan Indien c’était aussi ces choses... de peu ? Tellement de peu que nous n’y pensons pas !
Et Antoinette Jolicœur d’enfoncer le clou en demandant qu’après le stage réussi au delà de toutes les espérances sur la transformation animale, Bernard Apaya revienne pour une formation sur la transformation végétale ?
"Il y a du chemin à faire" : c’était la dernière phrase de son intervention dont il est bon de préciser qu’elle était rédigée, qu’elle avait donc été collectivement préparée.
Sur une table, à côté, des amis de chez nous et leurs épouses avaient sorti tout ce que la gastronomie réunionnaise compte de trésors quand elle met en valeur nos fruits et nos légumes. Nous parlions en effet de transformation végétale.
Samedi soir, dans un parc à bœufs où le maître des lieux avait disposé quelques tables, nous étions au moins trois à penser à cette étable où, il y a plus de 2000 ans, naquit l’idée que le monde pouvait être fraternité...

R. Lauret


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