De François Caillé du Medef et des ouvriers de la SMOI

10 mars 2008

Certes - et bien évidemment - nous ne sommes pas dans le même monde, ni dans la même configuration de cas. Ce qui suit doit donc être lu au second degré.

Comment, cependant, ne pas afficher un sourire de satisfaction quand, dans le même temps et en des lieux différents, d’un côté, une organisation patronale nationale - le Medef - condamne sans réserve une de ses plus importantes composantes professionnelles - l’U.I.M.M. - coupable, précise le réunionnais François Caillé, « d’agissements d’un autre âge, d’un autre temps qui ne peuvent être cautionnés » et, d’un autre côté, des employés d’une entreprise réunionnaise manifestent devant le Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis pour exprimer leur incompréhension après la sanction judiciaire - la prison - qui a frappé leur patron, coupable, selon la justice, de négligences graves ayant entraîné la mort d’un de leurs camarades. « Nous sommes choqués, dira au journaliste du “Quotidien” M. Gilbert Veletchy, un responsable ouvrier de l’entreprise, que M. Damour (le patron) ait été jeté en prison, alors que, selon nous, il n’est pas responsable de ce qui est arrivé... ».

Rappelons qu’en France, ce sont près de 20 millions d’euros qui se sont volatilisés des comptes de l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) sous “le contrôle” de son délégué général, lequel vient de bénéficier d’une indemnité de départ de 1,5 million d’euros pendant que, à La Réunion, un ouvrier trouvait la mort sur un chantier de la société Loxyn, laquelle société appartient au Groupe SMOI dirigé par M. Jean Bernard Damour.

Il ne s’agit pas d’entrer dans les raisons (ou les dessous !) de ce qui, là-bas, secoue le Medef et l’UIMM et qui, ici, voit des ouvriers trouver bien lourde une sanction qui atteint leur patron.

Ce qui me semble important, c’est de noter que la Présidente nationale du Medef, Mme Laurence Parisot, et, localement, François Caillé, dénoncent d’une même voix ce qui, à leurs yeux également , paraît « choquant et scandaleux » dans une pratique semble-t-il encore bien courante. Le “prix du silence” serait-il en effet l’explication de l’indemnité perçue par le délégué général de l’U.IM.M. pour qu’il parte (et ne parle pas !!!) ?

Ce qui me semble important, c’est de noter que les ouvriers - tous les ouvriers - d’une même entreprise n’hésitent pas à écarter la thèse de la responsabilité d’un homme - fut-il le patron avec les particularités de son statut - qui a voulu déléguer à ses chefs de chantiers, voire à chacun des ouvriers, la responsabilité de l’application des règles de leur sécurité sur les lieux e travail...

Cela me semble important parce que cela annonce sans doute que va enfin venir le temps où notre République pourrait faire le même saut qualitatif et, par exemple, cesser de lourdement indemniser des élus pour la seule “responsabilité politique” qui est, à ce qu’on dit, leur engagement premier dans la gestion de collectivités pourtant largement pourvues de cadres hautement compétents. Car, ...

Car, qui peut démontrer à l’opinion publique que la Présidence d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) vaut pour 25.000 Francs mensuels de travail ??? Qui peut démontrer qu’il faille 68 vice-présidents (à 15.000 Francs par mois) pour faire fonctionner les 5 EPCI de La Réunion, dont 29 pour le seul TCO ???

Remercions le Medef et les ouvriers de la SMOI qui, par leurs prises de position où le courage et l’intelligence sont en première ligne à côté d’un certain sens de la morale et de la responsabilité, peuvent bien ouvrir demain une brèche dans la nécessaire moralisation du régime des indemnités que notre République consent à ses élus...

Raymond Lauret


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