De l’anonymat de nos écrits

2 mars 2007

Je ne vais pas en rajouter à ce que disait hier Jean Saint Marc ici même dans sa mise au point à propos « d’un séjour en trompe l’œil », alors qu’il se sentait « dans l’obligation de revenir publiquement sur l’article d’un collaborateur ». J’approuve totalement la démarche de Jean. Et ce d’autant plus que je n’arrive pas à dénicher la moindre once de mépris vis-à-vis de notre île et de sa population dans la visite de François Baroin. J’ai trouvé normal que le Ministre de l’Outre-mer vienne physiquement se rendre compte de ce que nous avons pu vivre avec Gamède. J’ai trouvé digne qu’il ne joue alors pas au “Père Noël” et que, avec réserve, il s’en tienne à l’essentiel.

Je ne vais pas en rajouter sinon, à l’attention de ceux qui s’en sentiront concernés, le récurrent problème des articles publiés dans la presse en général avec, en guise de signatures, de seules initiales.

Passons sur ceux du “JIR” ou du “Quotidien”. Eux aussi ont leurs P.V, M.V, E.L, P.R... Eux aussi ont leurs P.E, V.B et C.R... À ne pas confondre avec P.Y.V ou Y.B dont on voit dans la même page qu’il s’agit de Pierre Yves Versini ou Yannick Bernardeau et encore avec B.M. ou J.P.B. qui ne cachent pas qu’ils s’appellent Brice Magné ou Julianne Ponin Ballom.

Je veux en rester à “Témoignages”, le journal fondé en 1944 par le Docteur Raymond Vergès pour mener une grande et permanente bataille, en assurer et en assumer la rigueur, parce que c’est d’une cause qu’il s’agit. La cause qu’il nous faudra toujours défendre tant que sur la Terre, il y aura des hommes victimes d’injustice et parce que l’avenir doit toujours être préparé.

Cette cause, on apprend à la ressentir. L’Histoire des luttes qu’elle entend et sous-entend ne peut ni s’inventer, ni se découvrir. Il faut à chacun d’entre nous une certaine aptitude à l’humilité pour la comprendre et petit à petit, s’en imprégner et, sans relâche, s’en faire l’avocat. C’est d’autant plus nécessaire que le métier - mot d’une grande noblesse - de journaliste se vit dans des conditions difficiles. Il faut bien saisir tout de suite pour qu’elle soit imprimée immédiatement et lue le lendemain, l’idée forte d’une conférence de presse ou d’une réunion quelconque. C’est une tâche difficile. Dans une autre vie, j’ai eu à maintes reprises à le vérifier.

C’est d’autant plus difficile que l’on ne doit surtout pas oublier que si l’on écrit, c’est en sachant qu’on sera lu, voire même qu’on établira avec le lecteur un courant qui peut aller jusqu’à l’interpellation et l’adhésion, voire le partage complice d’une même conviction.

C’est pourquoi, j’ose le dire : quand on décide de “signer anonymement”, soit on choisit de se priver d’être reconnu comme l’auteur de ce que l’on a pourtant pensé et écrit. Et alors, pourquoi ? Soit on se dit qu’on n’a pas à assumer de mission militante. Est-ce possible ? Soit, et je veux davantage y croire, on ne s’est pas posé ce genre de question.

Et si on y pensait enfin !

R. Lauret


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Messages

  • D’accord avec Raymond Lauret, il est déconcertant de se trouver en présence d’un article exprimant parfois un point de vue très tranché sans même savoir s’il s’agit de la position de Témoignages, d’un responsable politique ou syndical, d’un élu ou d’une personne extérieure à tout cela. Les articles anonymes ne permettent pas non plus de savoir s’ils se situent dans une veine polémique, scientifique ou autre alors que des articles signés permettent de suivre la pensée de leur auteur, ses infléchissements, ses remises en question, etc.
    Merci de signer vos articles.
    Harold


Témoignages - 80e année


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