De la Banque et des Hommes

23 juin 2006

Qu’y a-t-il dans une banque ? De l’argent, de toute évidence. D’où, aussi, conséquence directe, de chaque côté des comptoirs, des personnes qui, pour les unes viennent y faire des prêts et, pour les autres vont les consentir. Dans une banque, on discute donc de taux et de durée des emprunts consentis, mais aussi de découverts, d’intérêts perçus sur les comptes spéciaux. On discute aussi de dossiers à financer, de cautions et autres garanties. Dans une banque, il y a toujours du monde. Ça entre, ça sort, souvent avec des sourires éclairant les visages, parfois la mine inquiète. Enfin, les banques ne sont jamais tristounettes : elles respirent un certain bien être.
Pourquoi donc hier jeudi, lors de la conférence de presse qu’il a tenue pour présenter les " Tableaux économiques de l’artisanat " et ses chiffres clés de l’année 2005, Giraud Payet, le Président de la Chambre de Métiers, a-t-il tenu à montrer un certain agacement devant l’attitude trop stricte, pour ne pas dire hostile, des banques de la place vis-à-vis des petits artisans " qui n’osent même plus présenter de dossier " de demandes de crédits tant " ils savent qu’ils n’y sont pas bien vus " ?
Les chiffres sont là : très peu - trop peu - de responsables de petites unités artisanales aboutissent dans leur demande d’accompagnement bancaire. L’artisan - le petit artisan - est mal à l’aise quand il entre dans ces cathédrales de la finance, certes forts de leur dextérité d’ouvriers mais si mal dotés en science de la rhétorique. Allez, sortons les deux mots : "mal vus"... "agressés"... Ils sont mal vus, ils sont agressés par ces cadres cravatés et rasés de près quand, dans leurs fringues amidonnées, ils débarquent avec leur maigre bagage de français. En un mot : parlez-leur de murs, de carrelages, d’électricité, de tranchées ou de peintures, mais surtout pas de plan comptable consolidité ou de bilan. Il y a peu encore, ils ne faisaient pas de différence entre chiffres d’affaires et résultats !
Le propos est caricatural. "A peine", n’a pas dit hier Giraud Payet qui le pensait cependant très fort !
La double question qui vient à l’esprit n’a pas manqué : faut-il en rester là ? Que faire ?
Et si la réponse consistait à se dire que, derrière les portes "blindées" d’une banque, il y a assurément des hommes capables aussi de montrer de l’intérêt pour des pans entiers de notre économie artisanale.
Il y a un peu plus d’un an, j’avais vérifié que telle banque de la place (ici l’anonymat s’impose) avait suivi le souci d’un de ses cadres dans l’examen, non pas bienveillant, mais risqué de certains dossiers. Des hommes, motivés par l’idée de prêter aussi aux pauvres, avaient su trouver le biais pour, non pas "tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom de la solidarité et du bon sens". Et des artisans en avaient profité.
Puisque cela avait marché pendant un temps, pourquoi ne pas se dire qu’il n’y a pas de raison que ça ne marche pas encore ?
Hier, nous avons émis l’hypothèse. Parce qu’il nous faut y croire... C’est une force !

Raymond Lauret


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