De la « disponibilité » de la femme en politique

16 décembre 2006

Cela devait être annoncé hier soir : Monique Orphé “renonce” à être la candidate du Parti Socialiste aux prochaines législatives dans la circonscription de Saint-Denis. Il est normal et tout à son honneur que la jeune conseillère régionale ait tenu à « justifier » elle-même ce retrait. Mais il est difficile de croire que cette décision a été prise parce que, dit-elle, elle se considère trop peu disponible pour une telle tâche. Si tel était le cas, ce genre de motif serait un camouflet énorme aux proclamations qui s’entendent un peu partout en faveur de davantage de parité. Et notamment chez nos amies.

L’égalité homme-femme en matière politique suppose que ceux et celles qui en défendent le principe l’appliquent bien en amont de l’aventure élective. Ségolène Royal - et pas seulement elle - ne montre-t-elle pas qu’on peut être épouse et mère de plusieurs enfants et mener dans le même temps une carrière politique bien remplie ?

Je préfère pour ma part retenir que Madame Orphé a sans doute pensé qu’on lui avait déjà mis sur le dos, pour reprendre le commentaire d’Idriss Issa du “Quotidien”, « son manque de notoriété » et « sa personnalité plutôt effacée », et que cela pouvait être un gros handicap. Son parti - c’est son droit - lui aura donc préféré Gilbert Annette, premier et ancien Député-Maire de Saint-Denis, aujourd’hui revenu d’un épisode malheureux dans sa vie d’élu et - croit-on - plus à même qu’elle pour ratisser large.

La candidature de Gilbert Annette aura un second avantage : celui de couper court à toute velléité d’un autre socialiste de passer outre le “choix” de Monique Orphé fait par l’appareil. C’est que de plus en plus de gens - même au Parti Socialiste ! - osent tout simplement dire que les préférences du Parti ne traduisent pas forcément celles de l’électorat. Un Michel Tamaya n’aurait-il pas fait un meilleur candidat que Madame Orphé, lui qui fut (un bon) député socialiste après le retrait forcé de Gilbert Annette ?

En définitive, c’est la difficulté pour certains partis de faire le pas vers l’acceptation que la femme puisse occuper des positions jusqu’alors réservées à la seule gente masculine qui transparaît dans le retrait de Monique Orphé. Plus particulièrement quand la victoire devient envisageable s’il devait avoir succès à la présidentielle deux mois auparavant.

Car personne n’évoque, pour la 2ème circonscription, le retrait possible de Marie Aline Tamon, sans doute tout aussi « peu disponible » que Monique Orphé. Et tout le monde a bien compris qu’au Parti Socialiste, on ne juge pas que le siège y est prenable.

Raymond Lauret


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