« ... On est dans une société au sein de laquelle on veut pouvoir tout dire et dans laquelle on se plaint que les gens disent tout... ».

En écoutant hier après-midi Jérémy Masson, étudiant en première année de sciences physiques, présenter au public de l’amphithéâtre Thérésien Cadet la pensée à partir de laquelle il allait participer au concours d’éloquence organisé par l’Association des Médaillés de l’Ordre des Palmes Académiques, je ne pus m’empêcher de penser à Guy Jarnac, mon camarade de la majorité au Conseil Régional, un camarade avec qui je parle souvent comme on parle à un ami.

Je ne pouvais m’empêcher de penser aux graves accusations qu’il a lancées contre un groupement de maîtrise d’œuvre, la DDE et des entreprises. Accusations d’entente sur le marché du chantier de la déviation de Grand Bois, tout simplement. Accusations particulièrement graves, d’autant plus graves qu’elles visent, en plus des sociétés civiles, une administration comme la DDE.

A-t-il des preuves de ce qu’il dénonce ? Sont-ce seulement des convictions ? Les lots attribués par quatre membres de la CAO - Mme Blanche Neige Javelle (PS), M. Dominique Fournel (UFR - droite), Hilaire Maillot, Raymond Mollard et moi-même - l’ont été à des entreprises qui étaient en dessous de l’estimation prévisionnelle. Ces élus ont ainsi voulu privilégier - sans que le représentant de la Direction Départementale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes n’y ait trouvé à redire - l’urgence à commencer des travaux considérés comme essentiels par la population du Sud de l’île plutôt que de s’arrêter à des considérations d’entente illicite qui n’étaient évidentes pour personne, sauf bien entendu pour ceux qui disposeraient de preuves.

Guy Jarnac dit les avoir. Et comme il a un tempérament de baroudeur plus à l’aise quand il y a à enfoncer et à aplatir la mêlée adverse que s’il faut réaliser le centre en retrait après un subtil débordement sur l’aile, il n’a pas craint d’accuser. Ça, c’est du Jarnac ! Et on ne le changera pas, lui qui s’affirme comme un remarquable animateur de la bataille réunionnaise pour les NTIC !
Reste qu’il peut les avoir, les fameuses preuves. Et c’est son droit à vouloir pouvoir tout dire. Pour ma part, il m’arrive de regretter que certains disent parfois tout ce qu’ils ont en tête, surtout quand il s’agit de quelqu’un qui appartient au même groupe que moi et qu’en définitive, on aime bien. On serait tellement plus fort si on partageait nos informations et nos convictions, pour comprendre, pour avancer, pour agir et condamner et, pourquoi pas s’il le fallait, pour dénoncer. On est tellement plus forts quand, comme au Rugby, on joue groupés.

Raymond Lauret