Il est encore tôt pour que je m’exprime à propos de ces puissants qui n’aiment pas voir les petits jouer dans leurs cours de grands.
Pour l’heure, je vous emmène dans un coin de zone industrielle du Port, là où "Ravate Professionnel" a élu domicile. J’y avais l’autre jour rendez-vous avec le directeur des lieux, Abdoullah Ravate. Non pas pour évoquer avec lui les merveilleux souvenirs que nous sommes sans doute nombreux à avoir gardés de son père M. Issop Ravate, un grand réunionnais qui a vraiment mérité toutes les décorations que la République lui a décernées. Avec Abdoullah, j’étais simplement venu causer d’un problème d’économie solidaire. C’est que les voies de l’économie sont multiples et il est heureux qu’au cœur d’un empire comme celui des “Ravate”, on n’évacue pas les petits problèmes de ceux qui en ont...
J’attendais donc Abdoullah qui m’avait fait dire qu’il aurait cinq minutes de retard. Cinq minutes que je mis à profit pour vite prendre connaissance de la “littérature” qui se trouve sur la petite table du petit salon d’accueil, au bout du superbe escalier tout en bois qui débouche sur le premier étage...
Ce qu’on y trouve est assez courant. Mais un “courant” qui est riche d’enseignements.
C’est ainsi que je découvrais que le département bois de Ravate, “RAV BOIS”, dispose d’un petit journal intérieur, "La sève de l’info", 6 pages format A4, joliment illustré, avec des articles courts, accessibles à tous, qui valorisent la maison et ceux qui y bossent et qui ne manquent pas d’intérêt pour ceux qui veulent élargir le champ de leur culture. Du "Keruing" (un bois de Malaisie dont les pluies diluviennes qui s’y abattent de manière non interrompue depuis deux ans gênent au plus haut point l’exportation) au "clins en pin sylvestre Barillet" qui font un malheur, du "Padouk" couleur rouge vif corail qui vire au brun violacé au "Neem", l’arbre qui pourrait guérir du chikungunya, vous ne manquez pas d’info qui ne se trouvent pas dans la presse courante.
Et puis, à côté du numéro 25 de juillet 2005 de la revue “Réuccir” de... vous l’avez deviné... la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion qui, en l’occurrence, était consacrée à la nécessité de "se former pour gagner", le journal de la CGTR, le numéro de Février-Mars du "Travailleur Réunionnais". Pas inintéressant du tout, avec des articles qui sont le classique d’un magazine de centrale syndicale, mais d’autres textes aussi qui apportent un éclairage particulier sur le chikungunya, la sécurité dans les écoles, la chaîne internationale de solidarité qui existe entre dockers du monde entier... Et puis, une photo qui m’a fait particulièrement plaisir, en bas de la page éditoriale d’Ivan Hoareau qui s’y tient aux côtés de Georges-Marie Lépinay et de Bruny Payet.
Georges-Marie, on le rencontre, l’entend et le lit souvent. Il n’a pas raccroché. Mais Bruny, les 80 ans largement entamés, toujours solide sur ses jambes et
dans ses jugements, Bruny s’est retiré et seuls quelques rares privilégiés partagent encore avec lui des instants d’échanges.
Cela m’a fait plaisir de le revoir en photo, preuve s’il en était besoin que pour ceux qui lui ont succédé à la tête de la CGTR, il reste un modèle dont il faut s’inspirer.

Raymond Lauret