Demain matin, c’est-à-dire aujourd’hui 30 août, à 18 heures de là-bas...

30 août 2007

Sauf très peu probable revirement de l’état d’esprit de ceux qui gouvernent le Texas, demain matin quand nous nous réveillerons ici à La Réunion, là-bas quelque part aux USA, Kenneth Foster recevra la dose prévue pour qu’un gars de son âge et de sa corpulence s’enfonce dans les secondes qui suivent dans un sommeil dont on ne se réveille pas.
À Hunsville, là où l’État du Texas exécute ses condamnés à mort, nous serons encore le 30 août, 18 heures.
Oh ! Rassurez-vous. Là bas, à Hunsville, on exécute proprement et au bout d’un long bout de temps. Pas d’affreuse et barbare pendaison, pas de procès bâclé et vite envoyé, comme en Irak.
Non, au Texas, on injecte juste ce qu’il faut, discrètement, après une bonne dizaine d’années d’emprisonnement, et un procès en bonne et due forme.
Dans le cas de Kenneth Foster, la loi a été appliquée, dans son étrange réalité certes, mais comme le prévoient les textes. Et pour qu’il soit clairement compris par l’opinion qu’on n’a nullement précipité les choses, cela fait dix ans qu’il sait, attend et voit les jours s’effacer les uns après les autres, et s’approcher le grand jour.
Nous vous avons conté son histoire, à Kenneth. Il avait 19 ans et une gosse de 3 ans et demi. Un soir, il était sorti avec de “nouveaux” copains. Ils avaient commis - ses copains et lui - quelques larcins et notamment « deux braquages minables » sur des gens qui passaient par là et à qui ils ont dérobé 300 dollars. C’est pas bon de faire ça, nous en convenons...
Et puis, un des “copains” avait essayé de draguer une jolie fille qui rentrait chez elle. L’imbécile chercha à entrer dans l’immeuble, y parvint avant que retentisse un coup de feu et que ne revienne en courant, mais haletant et le visage blême, le fameux copain, un certain Mauriceo Brown.
Kenneth, l’imbécile, croit alors que... Il croit qu’un méchant a tiré sur Mauriceo. Lequel monte dans la voiture. Et Kenneth démarre en trombe.
Tout cela, il le dira à la barre. Il dira aussi qu’il ne pouvait savoir que le Mauriceo, ce con, venait ce soir-là, dans la cour de l’immeuble où était entré la fille, de tuer un homme.
Au nom de la « Law of parties » (la « loi des parties ») qui veut que celui qui était là soit autant coupable que le coupable, Kenneth fut jugé pour crime. La peine sera capitale...
« Je ne veux ni prières, ni bougies. Je veux que l’on se batte et se mobilise pour moi », dira-t-il du fond de sa cellule au journaliste Nicolas Bourcier venu s’entretenir avec lui à la prison. Avant de poursuivre : « Chaque peine capitale est un recul, une défaite pour la société... »
Voilà. Vous savez maintenant. Pensez-y quand vous “les” entendez nous parler de leur rôle de “gendarmes du monde” !

Raymond Lauret


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