« Demain tu seras mon frère... »

17 mai 2008

Parce que je suis moi aussi soucieux du respect des règles de la courtoisie républicaine, en l’absence ou l’indisponibilité de mes collègues du bureau, j’étais à Gillot ce jeudi 15 mai pour représenter la Région à la rencontre que le Secrétaire d’Etat Yves Jégo avait souhaitée, le temps de son escale avant de reprendre l’air pour Mayotte et Moroni.

Il s’agissait, bien sûr, de l’écouter et, le moment venu pour moi, de dire quelques mots, de justifier l’absence de nos collègues des syndicats « retenus par une grosse manifestation, ce qui, lui ai-je dit, est normal dans notre République ». Il s’agissait aussi pour lui de comprendre l’impatience que certains acteurs de notre Observatoire des Prix (et des Revenus) peuvent ressentir : les différentiels des prix entre ceux pratiqués ici et ceux d’ailleurs ont été déjà largement observés. Chez nous, ils sont quotidiennement subis. Il est bon que l’on passe maintenant, outre à des mesures concrètes (et palpables) sur les Prix, à l’analyse des Revenus des Réunionnais, « des revenus, ai-je eu à souligner, qui font que certains vivent très bien pendant que pour d’autres, c’est chaque jour la galère ».

Pour expliciter mon propos, je disais à M. Jégo que, par exemple, tous les planteurs de fruits de La Réunion vivent depuis peu les effets brutaux de l’interdiction de l’aide à l’export. J’entendis alors la réponse du Ministre que je résume en ces 3 phrases : « Je me suis fait communiquer les tonnages des fruits qu’on importe ici. Ils sont importants. Les planteurs pourraient se tourner vers la consommation locale avant de viser les marchés extérieurs ».

J’avoue avoir alors été surpris, voire estomaqué par une telle réponse, bien que “vacciné” par ce qu’il a pu déjà dire concernant la continuité territoriale et sur lequel je reviendrais lundi. Il y a fort à parier que les planteurs en soient pour le moins inquiets, eux pour qui l’exportation de leur production signifiait un peu d’oxygène dans un marché intérieur fortement alimenté par les flux mondialisés.

Sur ce, je quittais la séance pour aller, comme je l’avais dit en préambule à M. le Ministre, saluer le Frère Didier que la hiérarchie des écoles chrétiennes de La Réunion ainsi que les anciens et les actuels élèves de Saint Michel honoraient à l’occasion de ses 100 ans.

L’occasion pour moi de retrouver des amis pas vus depuis longtemps, ceux des milieux du football qui ont, à l’époque, foulé la verte pelouse située de l’autre côté des bâtiments, ceux aussi de la vie qui nous voient avancer, les uns à droite, les autres à gauche, certains à droite et à gauche, tous sur ce même chemin qui nous mène devant.

L’occasion pour moi de porter sur Frère Didier un regard de reconnaissance et de gratitude. L’aîné des Florian, dont l’existence donnée à Dieu a su magnifier la beauté de toute nos espérances en fixant au bout de son pinceau ou de sa plume les couleurs et les mots, pour reprendre l’appel de Monseigneur Gilbert Aubry, de « l’amour, de l’émerveillement, de la créativité et de la responsabilité », l’aîné des Florian, disais-je, méritait cet hommage fait de chansons, de poèmes récités et de scènes jouées, cet hommage fait aussi et simplement de la présence de ceux qui n’ont pas oublié qu’« hier, tu étais un inconnu, aujourd’hui tu es mon ami, demain tu seras mon frère... ».

Raymond Lauret


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