Depuis son coin d’océan, elle leur parlera de ce qu’elle voit... loin de tout

23 novembre 2005

Pendant qu’aux États-Unis, l’Administration Bush, par le biais des leaders du Parti Républicain, demande aux pétroliers de faire baisser les prix à la pompe vu les bénéfices “himalayens” réalisés par les sociétés “Exxon” (9,9 milliards de dollars), “Shell” (7,3 milliards), “B.P.” (4,4 milliards), en France (et en Europe) où “Total” n’a annoncé pour le troisième trimestre que 3,13 milliards d’euros de bénéfices (32% de plus que l’an passé), M. Dominique Perben, Ministre des transports, entend que la loi soit appliquée et "qu’il soit obligatoirement tenu compte de la hausse du prix des carburants dans les contrats de longue durée" que les professionnels des transports routiers passent avec leurs donneurs d’ordre.
D’où la question qu’un certain nombre de personnes ici et là, et notamment dans le petit monde des transporteurs réunionnais, peuvent enfin se poser : la mondialisation libérée des prix n’est-elle pas entrain de faire monter l’exaspération à un point tel que ses principaux supporteurs sont obligés, non pas de faire marche arrière (ce qui serait trop beau), mais de se soucier enfin de la grogne qui monte un peu partout ? La question est posée...

Sans transition, je vous invite à vous retourner vers Maud Fontenoy, cette jeune femme de 28 ans qui espère bien, partant de La Réunion en septembre 2006, vents de face et à contre-courants, montrer que la Terre est bien petite, que ses ressources sont limitées et qu’il faut donc en user avec intelligence. Elle s’élancera donc vers le Cap de Bonne-Espérance au bout extrême de l’Afrique, traversera l’Atlantique qu’elle laissera bien plus tard pour le Pacifique en s’infiltrant entre le Cap Horn et les icebergs du Pôle Sud. L’océan, froid et agité, l’y attend, dangereux avec le passage de la porte de l’Océan Indien au Cap Leeuwin, avant de retrouver notre île, qu’elle contournera par le Nord.
Ce périple (quelques lignes dans les journaux) vaudra à la jeune femme quatre à cinq mois de solitude totale et à bord de son voilier de 26 mètres de long et de 5,40 mètres de large doté d’un mât de 28 mètres que seulement ses immenses voiles permettront d’avancer.

Pourquoi je vous parle de Maud Fontenoy ? Première raison, son exploit n’est pas à la portée de beaucoup de monde. Cinq mois seule sur un voilier, faut y aller ! Cinq mois pour faire le tour de la Terre, à contre courants et vents de face, c’est le choix de la difficulté. C’est montrer que l’Homme - et donc la Femme - dispose de ressources insoupçonnées et qu’il est encore possible d’y puiser quand on est allé au bout de soi-même. Faut le faire !
Deuxième raison, sans doute la plus importante, Maud Fontenoy sera en liaison satellite avec des enfants de nos écoles. Depuis son coin d’océan, elle leur parlera de ce qu’elle voit, de ce qu’elle vit, de ce qu’elle ressent... loin de tout mais si proche dans l’univers démonté qui rythme nos vies tranquilles. "Je suis, dira-t-elle sans doute aux jeunes écoliers, citoyen du plus beau pays du monde. Un pays aux lois dures mais simples cependant, qui ne triche jamais, immense et sans frontière, où la vie s’écoule au présent... où il n’y a de grand chef que la mer...".
Nos enfants qui l’entendront leur parler ainsi, nous ne devons pas douter qu’ils auront peut-être envie de rêver eux aussi au but de leur vie quand l’heure viendra pour eux de s’affranchir des jupes de maman.
C’est pourquoi, comme beaucoup d’entre vous, j’ai écouté, ému et conquis, cette jeune femme qui parlait et me faisait regretter de n’avoir plus vingt ans...

R. Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus