Derrière sa caisse enregistreuse...

15 juillet 2006

Hier vendredi, des grandes surfaces de notre île, pour certaines d’entre elles, semble-t-il, tout au long de la journée, offraient leurs services à la population. Et nombre d’entre nous en ont profité pour faire nos courses et, en passant à la caisse, croiser le sourire de la caissière. Il nous était dès lors difficile d’imaginer que les patrons de ces grands (ou petits) commerces n’avaient pas obtenu l’accord du personnel pour “ouvrir” toute une demi-journée de 14 juillet.
La Fête Nationale, c’est toujours un certain nombre de festivités où dominent l’art pyrotechnique, les grandes braderies dans les rues ou les manèges des champs de foire. La joie, quoi !.. La Fête Nationale, ce sont toujours les défilés militaires dans les capitales des départements et la télévision qui s’empare des Champs-Élysées où la France des dirigeants se retrouve Place de la Concorde en habits de cérémonies. C’est, le devoir patriotique...
Mais, force est de constater que celui de la Fête Nationale est en train de devenir également, pour des pans entiers de notre population, un jour mieux qu’un autre où l’on s’occupe à ce qu’on n’a pas eu le temps de faire le reste de la semaine : les courses, le repos, les sorties en famille. Un peu de Fête nationale aussi...
Force est aussi de penser que beaucoup de Français, peut-être une majorité d’entre eux, ne songent pas forcément à s’interroger sur le sens à donner aujourd’hui aux envolées de notre “Marseillaise” à tous.
Et seraient-ils d’accord pour, le poing sur la poitrine, entonner qu’il leur faut marcher sur « ces féroces soldats » qui viennent jusque dans nos bras, « égorger nos fils et nos compagnes » avant que, en bataillons formés, ils fassent « qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?
Ne seraient-ils pas étonnés que, deux couplets plus loin, notre hymne national, aujourd’hui encore, s’exclame : « Quoi ! des cohortes étrangères / Feraient la loi dans nos foyers ! / Quoi ! ces phalanges mercenaires / Terrasseraient nos fiers guerriers ! / Grand Dieu ! par des mains enchaînées / Nos fronts sous le joug se ploieraient / De vils despotes deviendraient / Les maîtres de nos destinées !... ».
Derrière sa caisse enregistreuse, notre employé(e) de grande surface et les clients qui s’y pressent devant carte de crédit ou chéquier au poing, savaient-ils toujours, hier vendredi 14 juillet, que Claude-Joseph Rouget de Lisle composa ces paroles une nuit d’avril 1792 pour écrire le « Chant de guerre pour l’Armée du Rhin », lequel chant sera entonné le 10 août de la même année par des fédérés de Marseille qui participaient à l’insurrection des Tuileries ? Ce qui lui donna l’ampleur pour être adopté comme hymne national le 14 juillet 1795... en devenant la “Marseillaise”.
Le savaient-ils toujours à l’heure où l’Europe est passée à 25 et que, entre les Allemands et nous, la guerre n’est plus qu’un lointain et oublié souvenir ?... Voire même, malgré les efforts de Messieurs Roberto Calderolli et Marco Materazzi, entre l’Italie et nous...

Raymond Lauret


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