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par le Dr Raymond Vergès

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Des petits règlements de compte bien mesquins (de certains)… à la nécessité pour notre île du rassemblement pour un projet de développement global que met en avant un de nos maires

lundi 22 août 2011

On le sait : les maires de nos communes ont fort à faire. Leur charge de travail n’est pas mince. Aujourd’hui bien plus qu’hier, la fonction élective qui est la leur est lourde à porter. Elle est très lourde. Et les problèmes qui, autour d’eux, se bousculent et les mobilisent quotidiennement nécessitent une présence constante et forte d’eux-mêmes et de leurs services.
Il est bien dommage que certaines équipes municipales, qu’elles soient de droite, du centre ou de gauche, se retrouvent parfois encombrées par de petites luttes intestines qui ne sont nullement à l’honneur de ceux qui les alimentent. Vous l’avez deviné, je fais allusion ici à la descente dans les égouts du racisme à laquelle nous avons eu droit l’autre semaine en plein conseil municipal à propos d’un réaménagement de l’organigramme des services de la Ville de La Possession. On peut s’opposer à un maire et sa majorité même si on en a fait partie. Cela arrive. C’est la loi de la vie. Mais de là à tout contester subitement, de là à trouver, du jour au lendemain, qu’il y aurait des intentions et des dispositions discriminatoires dans l’établissement de postes de responsabilité, voilà qui relève d’un jeu dangereux et d’une attitude irresponsable qui ne font nullement honneur à ceux qui choisissent la place publique pour régler de cette manière de petits comptes bien mesquins. D’autant plus que s’il y a, entre autres, un maire dans notre île dont le travail peut être salué pour sa remarquable efficacité dans l’aménagement du territoire dont il a un jour hérité, c’est bien Roland Robert. On l’aime ou on ne l’aime pas. Mais lui au moins, en quelques 40 années de fonction de maire, aura contribué à bâtir sur une commune géographiquement des plus difficiles une cité faite de lieux dont la grande diversité a été intelligemment prise en compte pour en faire une destination demandée et appréciée car remarquablement aménagée. J’habite à La Possession depuis 1973. Sur ce plan, je crois que je peux témoigner.
Laissons donc nos responsables municipaux travailler. À La Possession comme ailleurs. Les problèmes n’y manquent pas. Partout, les problèmes ne vont pas manquer demain. Et sachons jouer notre rôle d’opposant avec le souci d’apporter notre part de vérité avec le sens des responsabilités.
Oui, demain, pour ceux et celles qui seront alors aux affaires et cela quel que soit leur camp politique, les problèmes ne vont pas manquer. Il est bon qu’avec les autres, ils appréhendent dès aujourd’hui ce que sera le quotidien de ceux qui peupleront nos cités dans dix et vingt ans. Certains le font déjà. Il est heureux que le cercle s’élargisse.
J’ai lu avec attention et satisfaction la tribune qu’Éric Fruteau a signée dans les colonnes de “Témoignages” jeudi dernier 18 août. Sortant résolument du quotidien que lui valent ses absorbantes fonctions de maire de Saint-André, il a choisi depuis son environnement réunionnais de prendre de la hauteur et pose avec application les questions que lui suggère « la mondialisation » où, souligne-t-il, « le virtuel et les rumeurs dominent, où la spéculation règne encore sans partage ». Et la bonne et incontournable question, Éric Fruteau nous invite à la poser : « La globalisation des échanges se fait-elle au bénéfice des femmes, des hommes et des enfants de France, des Outre-mer, des pays européens ? Ou au contraire leur a-t-elle nui, a-t-elle creusé davantage les inégalités entre eux, jusqu’à bouleverser l’échelle de nos valeurs humanistes et faire craindre l’effondrement du socle de nos démocraties ? ».
Il est certain, et nous ne pouvons qu’être d’accord avec lui, « que si elle reste prisonnière des bourses, des écrans virtuels des traders, du CAC 40 et des spéculations de tous bords, la mondialisation n’est en fait que cette immense entreprise à se foutre du monde » . Et, pourrions-nous préciser, à ne point voir les populations de ces pays du tiers monde dont nous savons que les enfants, à quelques heures d’avion de tous nos pays, meurent chaque jour de faim par milliers et par milliers pendant que certains médias offrent à la planète entière, en pâture et à longueur de journée, les agapes des nantis de ce monde avec leurs robes à 50.000 euros et les bijoux qui vont avec.
Et notre île ? Et notre population réunionnaise ? Pour Éric Fruteau, le bon sens commande que nous restions sur ce qui lui semble « essentiel pour La Réunion : un projet de développement global pour les 10, voire les 20 prochaines années ». Une évidence s’impose, complète-t-il : « Rassemblons-nous pour porter cette voix réunionnaise, la rendre audible au plus haut niveau de l’État ». On ne peut qu’approuver…
Il est bon, répétons le, que nos élus locaux fassent prendre conscience à ceux qui sont autour et proches d’eux que nous ne pouvons et ne devons pas rester sous la fatalité et le poids des retombées d’un système capitaliste qui, sous nos yeux, nous montre actuellement son vrai visage. Il est bon que, au bout de l’analyse, nous prenions conscience que c’est dans le rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui se sentent redevables devant les générations à venir que nous trouverons les meilleures solutions pour un monde humaniste. Pour un monde qui a vraiment besoin de changer de bases et qui doit mettre un terme, pour reprendre les mots de Jean Ferrat, « à la société de rapaces et de gangsters autorisés » que nous connaissons actuellement. Pour un combat qui n’appartient pas aux meilleurs militants d’un seul parti. Ce parti fut-il le notre. Pour une victoire qui doit être celle du plus grand nombre.

Raymond Lauret


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