Deux histoires (d’avion) à vous raconter

19 juillet 2007

À chacun ses histoires qui se passent dans un avion. La semaine dernière, le “JIR” en racontait une qui a fait tout un pataquès. Il faut dire que, si elle avait été totalement vraie, ceux qu’elle mettait en cause n’en seraient pas sortis grandis. Elle comportait plusieurs contrevérités. Il s’en est suivi des réactions vives et immédiates et les “mis en cause” ont été dédouanés. Reste un point - bien réel celui-là - que la (fausse) histoire a souligné : le “surbooking” (on vend plus de billets qu’il n’y a de places) est bien confirmé comme technique de commercialisation que les instances internationales de l’aviation marchande considèrent parfaitement opposable aux clients. Reste aussi, en dérive directe de ce premier point, la question de la (petite) liste des “personnalités” que l’on dit « prioritaires en priorité » pour le première classe, même si le déclassement d’un voyageur lambda est nécessaire pour satisfaire ce privilège d’une époque que l’on croyait totalement abolie et qui est donc toujours consenti à quelques-uns...
A chacun donc ses histoires qui se passent dans un avion. J’en ai pour ma part deux petites à vous raconter.
La première est peut-être moins banale qu’on pourrait le penser au premier abord. A vous de juger.
C’était dans l’avion d’Air Austral qui, le mercredi 27 juin dernier, reliait l’Aéroport Roissy Charles de Gaulle à Gillot. J’ai pu ce soir-là vérifier que certains députés de la République ne voyagent pas toujours en Club, c’est à dire en Première Classe. J’étais au 5ème rang, en classe Confort. Occupant une place juste devant moi, toujours dans cette classe intermédiaire donc, Patrick Lebreton - un des nouveaux députés de La Réunion - n’a jamais donné l’impression qu’il en éprouvait une quelconque déconvenue. Non seulement je ne l’ai pas entendu se plaindre ni de son siège, ni de la proximité d’autres passagers, ni de la nourriture (il est vrai qu’on est pas si mal que ça en “classe Confort” d’Air Austral !), mais il plaisantait avec tout le monde et semblait vraiment se soucier comme de l’an 40 de ces privilèges dérisoires dont on dit que certains seraient friands, surtout quand, leurs billets, ils ne les payent pas eux mêmes sur leurs deniers propres !

Ma seconde histoire s’est passée il y a à peu près deux ans. Départ de Gillot pour Paris Orly sur un vol d’Air France. En classe Alizé, un homme d’un certain âge, avec chapeau et costume tout neuf, n’a pas l’air dans son assiette. Un de ses deux voisins (55-58 ans) s’inquiète : « Vi semble crispé, là ! I fo pas avoir peur ! Ou va voir, ou va fé un bon voyage. Si ou l’a besoin un n’affaire, hésite pas : m’a aide à ou... ». Le petit vieux, un petit peu rassuré, n’hésite alors plus et se confie : « C’est la première fois que ma femme et moi nu voyage. Nous nana 78 ans pour elle et 80 pour moi... ». L’autre, c’est-à-dire son voisin, s’étonne, vu que l’autre voisin est aussi un monsieur : « Mais où est donc votre femme ? ». Et le petit vieux, une larme prête à couler : « Elle l’est toute seule là-bas derrière. Moins la pas vu où ça band’la l’a mette à elle ... ». Le voisin informe alors une hôtesse de la situation et lui demande si on ne pourrait pas lui donner un des deux sièges libres en classe Club, juste devant, ce qui permettrait à l’épouse de 78 ans de voyager à côté de son mari de 80.
Hélas, ce genre d’arrangement n’est point possible. On peut le comprendre si on se limite au seul côté commercial des choses.
Alors “l’autre”, le voisin donc, propose d’échanger sa place contre celle de la dame, derrière en classe Tempo. Ce qui fut fait aussitôt et ce qui permit à deux petits vieux de voyager l’un à côté de l’autre, en se tenant sans doute la main comme aux plus beaux jours de leurs jeunes années.
Ce qui nous permet également de vérifier qu’en avion aussi on ne parle que des trains qui déraillent et jamais de ceux sur lesquels il ne se ... passe (dit-on) rien !

R. Lauret


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