Devant tant de témoins de nos imperfections...

10 juillet 2006

De la finale d’hier soir, on causera demain. C’est que l’heure fut tardive et qu’au coup de sifflet final, quand un des deux peuples explosait de saine joie et que l’autre “rentrait chez lui” pour tenter d’oublier les occasions manquées et la veine de ceux d’en face, Monique et Fanny, qui s’appliquent chaque jour que Dieu fait à me suivre dans mon “Libres propos”, ne sont plus derrière leurs machines pour saisir ma prose ! À demain donc pour rajouter un peu à ce que vous avez vécu et ressenti quand le rideau est tombé sur le Mondial 2006, un Mondial qui aura été en tout premier lieu marqué par la sortie annoncée de Zinédine Zidane du monde du foot et son entrée solennelle dans la légende du siècle.
Et il est sûr que pendant quelques jours encore, les spécialistes du football vont continuer à décortiquer tout ce qui doit être retiré du “sommet” allemand qui vient de se terminer.
On peut tenir pour certain que les théoriciens des lois du jeu vont se pencher sur les risques qu’il y aurait à interroger les écrans vidéo quand, dans une partie, il apparaîtra qu’il y a litiges.
Lorsque, il y a quelques dizaines d’années seulement, les rares chaînes de télévision du monde entier, de nos rares grands matches de l’époque nous apportaient à domicile et en différé de rares images assez floues et qui faisaient dans l’approximatif, nous pouvions nous sentir témoins admiratifs des exploits des gloires d’alors. Ceux, par exemple, de l’épopée suédoise des Raymond Kopa, Just Fontaine, Robert Jonquet et autres Roger Piantoni ou Jean Vincent étaient à nos yeux des instants du véritable rêve : cela s’était passé dans un lointain pays, la Suède, dont nous découvrions les noms de quelques villes. Nous nous contentions du peu qui nous était donné, et nous étions bien conscients que c’était énorme, que par rapport à nos grands-parents et même à nos parents, nous vivions une ère fabuleuse de la technologie de l’image. Et lorsque dix ou quinze jours plus tard nous parvenaient “Miroir Sprint” ou “l’Équipe”, nous nous faisions un devoir et du plaisir à tout lire et puis à tout relire, de la première et à la dernière ligne, jusqu’à l’ultime goutte du merveilleux nectar que nous offraient les grandes plumes de l’époque. Nous étions des privilégiés et nous trouvions cela extraordinaire...
Mais aujourd’hui ? Mais aujourd’hui où, pour avoir en direct un match qui se joue à l’autre bout de la Terre, comme l’expliquait une dame d’un âge fort avancé, il suffit "d’appuyer sur le petit bouton là, camarade Paul !", aujourd’hui nous sommes des centaines et des centaines de millions d’hommes et de femmes de tous les âges, de toutes les conditions et de toutes les langues à voir et à revoir en direct, donc à savoir tous ensemble, comme un seul homme et en un seul cri, que le ballon a bien franchi la ligne de but, que l’attaquant a eu le simulacre évident, qu’il n’y avait pas hors jeu. Il n’y a que les arbitres qui ne voient pas ou en tout cas si mal.
Devant tant de témoins des “imperfections” de notre universelle merveille élevée par beaucoup (et sans doute avec raison) au rang de chef d’œuvre de l’imaginaire humain, le recours à des moyens modernes pour corriger nos insuffisances de jugement ne va-t-il pas tenter ces autorités qui sont investies de la responsabilité de veiller à l’équité totale du match de football ?
L’écran vidéo venant contredire ou confirmer l’arbitre dans ce qu’il a cru voir, n’est-ce pas, dans le même temps, prendre le risque de robotiser un jeu qui vaut parce qu’il donne toute sa noblesse à la glorieuse incertitude du sport et à notre droit à la bonne foi dans l’erreur ?
En un mot, sommes-nous prêts à nous satisfaire de ce qui ne se discute pas : une partie de foot sur console, avec manettes, petit écran et Playstation ? Là où il n’y a pas photo... parce qu’il n’y a pas erreur.

R. Lauret


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