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20 février 2012
Ça nous brûle les doigts d’évoquer ci-après certains sujets qui alimentent actuellement nombre de conversations. Mais comment éviter que l’émotion, que nous sentons bouillonnante en nous, soit alors de mise et que la non-maîtrise de certains éléments nous amène à nous mêler maladroitement de ce qui ne relève pas en tout premier lieu de notre responsabilité, bien que tout cela nous touche et nous bouleverse au plus profond de nous ? Faut donc se faire une raison et s’imposer une règle : ces graves sujets ne seront pas abordés ici par un de ceux qui n’en savent pas suffisamment. En tout cas pas assez. Et puis, qui nous dit qu’ils ne seront pas réglés dans les temps ?
Ouvrons toutefois une toute petite (et rapide) parenthèse à côté de cette règle. Juste pour dire que, quelles que puissent être les raisons — élan du cœur ou conclusion raisonnée, décision partagée après discussion ou autres — qui ont amené Jean-Hugues Ratenon à annoncer publiquement vendredi dernier qu’il demandait à ses camarades des sections de Salazie, de Bras-Panon, de La Plaine des Palmistes et de Saint-Benoit ainsi qu’à la Direction du Parti Communiste Réunionnais de le laisser libre pour mener, au milieu du peuple de toute La Réunion qui n’est pas au bout de ses problèmes, un combat qui correspond davantage à sa personnalité profonde et donc de trouver, « au vu de la situation actuelle », quelqu’un d’autre pour les législatives dans la 5ème circonscription, quelles que soient donc ces (et ses) raisons, je souhaite dire que le positionnement de Jean-Hugues nous a fait chaud au cœur, à moi et à quelques personnes avec lesquelles nous en avons parlé. Entre, d’un côté, les bancs, les bureaux et les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale au milieu de 576 autres députés, à soutenir ou à combattre des textes qui passeront dans quasiment tous les cas puisque présentés par le Gouvernement en place, et de l’autre côté l’œuvre de l’Abbé Pierre qu’il y a à poursuivre aux côtés et au milieu des citoyennes et des citoyens qui sont les largués de la société, il y a un très large fossé. Jean-Hugues Ratenon a choisi de se retrouver sur le côté de la vie où le chemin de chaque jour est bien difficile mais où le parcours que vous vous imposez alors est fait de cette belle noblesse que le Docteur Raymond Vergès nous a enseignée quand il disait, pour que nous en fassions notre affaire : « …Le roc de notre patrimoine est taillé dans cette multitude de vertus obscures qui n’ont pas besoin pour s’épanouir de l’appât des récompenses et constituent le plus solide garant de notre redressement » . Surtout, comme le souligne très souvent le président de l’ARCP, qu’il importe de prôner la révolution douce.
Refermons ici la parenthèse et, sans prétention aucune, évoquons la situation des Communes — elles sont quelques 36.000 en France (dont 24 à La Réunion), auxquelles il faut rajouter, en qualité d’entités concernées, les Conseils généraux et régionaux ainsi que les EPCI — qui savent qu’elles vont vivre, empruntons au quotidien parisien “Le Monde” du 8 février dernier les lignes qui suivent, « … un épisode de basses eaux inédit sur le marché du financement des collectivités locales. Depuis le 1er janvier, les crédits bancaires, qui financent l’investissement, donc la croissance économique, sont à l’arrêt. La banque Dexia, sous perfusion de l’État, n’est plus autorisée à distribuer un euro de prêt, et les banques, entravées par la crise et les nouvelles règles de fonds propres, ont fermé le robinet… ». Une éclaircie toute relative à cette situation : Crédit Agricole et Banques populaires-Caisses d’épargne peuvent encore prêter. « Mais, est-il précisé, à des conditions durcies et sans augmenter leurs encours ». C’est-à-dire sans aller au-delà des sommes qui ont été prêtées et qui n’ont pas encore été récupérées. Autant dire que ça n’ira pas bien loin. Le groupe Hospitalier de Saint-Paul vient d’en voir les effets avec la perte signifiée de quelque 50 millions d’euros de crédits. Et là, on aura beau crier que c’est scandaleux. Ça l’est assurément. Et ce sont les citoyens qui font les frais des conséquences d’une crise qui a ses responsables.
La C.D.C. (Caisse des Dépôts et Consignation), de son côté, a consommé ce dont elle disposait pour ses prêts d’urgence aux communes. Avec la Banque Postale, elle devrait tenter de forcer quelque la situation actuellement bloquée. Mais dans combien de temps ?
Monsieur Philippe Laurent, maire divers droite de la ville de Sceaux et président de la commission des finances de l’Association des maires de France, n’a pas hésité à mettre l’État devant ses responsabilités. « Il y a, a-t-il déclaré au Monde, des investissements importants difficilement différables, de long terme ou adossés à des subventions. L’État, obnubilé par la dette, doit soutenir la dépense publique lorsqu’elle finance l’investissement ».
À cela, notre actuel président de la République, imperturbable et optimiste, répond qu’il faudrait « dans un premier temps, baisser le taux de l’impôt sur les sociétés (I.S.) simultanément à un élargissement de son assiette », ce qui aboutirait, question I.S., à une convergence entre la France et l’Allemagne et à l’organisation d’une zone fiscale pour les entreprises. Ça pourrait marcher, ça ? À deux mois des élections présidentielles, on peut tout annoncer et tout faire croire. Et même clamer qu’il faut une France forte…
En attendant, ce sont 36.000 maires, ces élus qui sont à portée de gifles, qui vont devoir expliquer à leurs administrés qu’il faut (encore) se serrer la ceinture.
Raymond Lauret
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