Difficile de régler cela ?...

12 décembre 2005

Le dossier-enquête que le “Quotidien” a ouvert sur "nos élus, leur travail, leur argent" a le mérite de lever l’épais rideau derrière lequel, en dehors de la vue du public-électeur, les lois de la République rémunèrent ses élus. Il est interdit de dire “corrompent” puisque tout ce qui est décidé est évidemment cadré par la loi. Mais il est clair que, pour l’immense majorité de la population, toucher beaucoup d’argent par an sans la moindre obligation de travail ni même de présence : cela est scandaleux. C’est en ce sens que l’initiative du “Quotidien”, reprenant à une plus grande échelle ce que depuis bien des années nous sommes quelques-uns (quelques-uns seulement, il est vrai) à dire dans des courriers de lecteurs notamment, est utile.
Cette initiative a aussi ses limites.
La masse de travail d’un élu qui appartient à l’exécutif d’une institution est bien plus conséquente que celle de son collègue de l’opposition. C’est normal. Que vaut alors tout classement ?
Les limites du dossier-enquête tiennent également au fait que son responsable, M. Idriss Issa, s’en est tenu aux fiches de présence. Et il ne pouvait que comptabiliser. Simplement comptabiliser, par exemple, le nombre des présences en Commission permanente alors que certains élus, les mêmes en général, y passent un petit minimum de temps... une heure ou deux avant de s’éclipser !!! N’étant pas un témoin assidu de ce qui se vit à “l’intérieur” de la maison - Conseil régional, Conseil général, municipalités ou EPCI - il ne peut évidemment pas le savoir. M. Issa ne peut pas savoir également que certains, non-membres de la Com’ Perm de la Région, y passent pourtant beaucoup de leurs mardis matins : ils présentent les rapports de leurs commissions, mais ne figurent pas sur la fiche de présence. Pour cause... D’où le bémol avec lequel il convient donc de lire les différents classements soumis à l’appréciation du public.
Il n’empêche, le dossier du “Quotidien” pourrait bien aider les quelques élus qui ont déjà osé poser le problème de rémunérations fantaisistes (mais légales) de la fonction politique à ne pas se sentir seuls. Sans oublier qu’ils sont aussi montrés du doigt.
Je plaide pour ma part qu’il y a des hommes et des femmes - à droite, à gauche et ailleurs - qui ont les capacités à occuper plusieurs mandats. Il serait d’ailleurs stupide de vouloir les en priver par l’artifice d’un décret puisqu’ils seraient forcément consultés par ceux-là mêmes qui auraient l’intelligence de ne pas se priver de tant d’expériences et de tant de sagesse.
Le vrai problème est celui du cumul des rémunérations. La fonction politique est un tout qui, parfois, s’exerce sur plusieurs terrains. Dans ses nombreuses et variées composantes, elle constitue un ensemble. C’est sa noblesse. C’est sa grandeur. C’est son utilité.
Il ne faut pas la dégrader, la diminuer avec la multiplication des rémunérations, parce que cela donnerait à penser que ce sont ces dernières qui importent dans le choix ou les attentes des hommes et des femmes politiques. Tant il est vrai que seule la grosse rémunération perçue explique que tel ou telle qui n’assiste à rien et ne fait rien, n’ait pas envie de remettre une démission qui ferait taire la rumeur. Difficile de régler cela ?

R. Lauret


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